2 Nights Till Morning, une coproduction de la Finlande et de la Lituanie, dont Marie-Josée Croze est la vedette féminine, est un assez joli film. En revanche, le drame biographique suédois John Hron est plutôt raté.

Tout un pan de la carrière de Marie-Josée Croze nous est pratiquement inconnu. Après avoir obtenu un prix d'interprétation au Festival de Cannes en 2003 (grâce aux Invasions barbares de Denys Arcand), l'actrice québécoise a admirablement su jouer ses billes en Europe. Elle a su en outre se tailler une place enviable dans le cinéma international, particulièrement auprès des auteurs.

Cette exigence comporte toutefois un revers: plusieurs des films dans lesquels elle joue n'aboutissent jamais dans nos salles. 2 Nights Till Morning subira-t-il le même sort? Espérons que non. Sans être grandiose, ce deuxième long métrage de Mikko Kuparinen, inscrit dans la compétition mondiale du FFM, possède quand même assez de charme pour susciter l'intérêt.

Pour son premier film de langue anglaise, le réalisateur finlandais propose en effet une rencontre fortuite entre deux êtres que le destin réunira dans un endroit qui leur est étranger.

Marie-Josée Croze se glisse ainsi dans la peau de Caroline, une architecte française en voyage d'affaires à Vilnius. Son horaire ayant été surchargé, la jeune quadragénaire doit prolonger d'une journée son séjour dans la capitale lituanienne, au grand dam de sa douce moitié, restée à Paris.

Au bar de l'hôtel, Caroline capte sans le chercher le regard de Jaakko (Mikko Nousiainen), un homme plus jeune, DJ populaire qui doit offrir une performance attendue le lendemain. L'architecte fait comprendre au DJ qu'elle pourrait, peut-être, apprécier sa compagnie, mais elle lui fait croire - décision spontanée? - qu'elle ne comprend pas un mot d'anglais.

Un tour du destin

Ce qui ne devait être qu'une petite aventure sans conséquence est toutefois appelé à emprunter une allure différente. À cause d'une éruption volcanique en Islande et de l'énorme nuage de cendres qui s'est répandu sur toute l'Europe du Nord en conséquence, l'espace aérien des pays baltes est complètement fermé. Tous les voyageurs restent coincés. Caroline et Jaakko n'ont guère le choix. Ils devront se côtoyer de nouveau, connaître un peu de la vie intime et familiale de l'autre, bref, ils commenceront à se parler, pleinement conscients de la nature éphémère de leur relation. Ainsi en a décidé le destin.

Le récit n'a rien de bien original, mais Mikko Kuparinen est indéniablement doté d'un bon sens de l'écriture et des dialogues. Il aura aussi eu la bonne idée de se concentrer essentiellement sur les deux personnages principaux. Le monde extérieur - et la réalité quotidienne dans laquelle évoluent les protagonistes - n'intervient qu'en de rares occasions. Marie-Josée Croze et Mikko Nousiainen ont ainsi l'occasion d'explorer toutes les nuances de leurs personnages et de développer une relation crédible à l'écran. L'actrice joue à fond la carte d'un mystère qui, en fait, cache une très grande vulnérabilité. Elle offre ici une très belle performance.

Malheureusement, aucun des membres de l'équipe de 2 Nights Till Morning n'était là pour accompagner la présentation du film au FFM. Rappelons que Marie-Josée Croze tourne présentement Iqaluit dans la capitale du Nunavut, sous la direction de Benoît Pilon (Ce qu'il faut pour vivre).

Un drame suédois poussif

Parfois, une première scène suffit pour laisser deviner au spectateur qu'il ne s'apprête pas à voir un chef-d'oeuvre. C'est le cas du film suédois John Hron, aussi présenté hier dans la compétition mondiale. Inspiré d'un fait divers qui a marqué le cinéaste Jon Petterssen alors qu'il était préado, ce drame biographique relate le parcours tragique d'un garçon âgé de 14 ans, précoce et plutôt costaud, qui, en 1995, a été assassiné par des crapules néonazies. L'affaire a fait grand bruit à l'époque en Suède, au point où John Hron serait devenu, semble-t-il, une icône là-bas.

Mais, c'est bien connu, les nobles intentions ne font pas obligatoirement de bons films. La trame musicale incessante, aussi sirupeuse que pompière, aura tôt fait de donner le ton. Le récit emprunte des allures de téléfilm bon marché, la réalisation est quelconque, et les acteurs jouent faux.

Fait à noter, John Hron a été présenté hier matin dans une version uniquement sous-titrée en français. Pour un festival de cinéma à vocation internationale, voilà qui est plutôt inusité. Au service des communications du FFM, on nous a toutefois assuré que les membres du jury ont pu visionner une version sous-titrée en anglais en soirée. Rappelons que, faute de financement, le sous-titrage électronique, qui assurait des présentations simultanées dans les deux langues officielles, n'est plus utilisé.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

John Hron est inspiré du meurtre d'un adolescent en Suède, en 1995.