Gérard Depardieu est intervenu personnellement pour persuader le Festival de Cannes de présenter en mai 2014 le film United Passions: la légende du football, produit par la FIFA, qui a été descendu en flammes par la critique et n'a connu aucun succès en salles.

En entrevue téléphonique à l'Associated Press, lundi, le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, a expliqué qu'il avait d'abord catégoriquement écarté le film, mais que Depardieu, qui y joue le rôle du créateur de la Coupe du monde, Jules Rimet, a insisté pour que l'on revoie cette décision.

La direction du festival a finalement accepté de présenter le film en plein air, sur une plage de la Croisette, ce qui a suffi pour que les producteurs puissent ajouter la célèbre feuille de palmier à leurs campagnes de promotion.

M. Frémaux avait alors assisté à la projection sur la plage, en compagnie de Depardieu et du président de la FIFA, Sepp Blatter.

Le délégué général ne va pas jusqu'à dire que le festival a cédé aux pressions de l'acteur pour lui faire plaisir, mais il affirme que Depardieu «a beaucoup insisté».

Gérard Depardieu est un habitué de Cannes - il en a même présidé le jury en 1992. L'acteur entretient aussi des liens étroits avec la Russie de Vladimir Poutine, qui accueillera la prochaine Coupe du monde de football, en 2018. Il a même reçu un passeport russe du président en 2013 après s'être fâché en France contre le nouveau gouvernement socialiste de François Hollande.

«J'avais d'abord rejeté catégoriquement le film, parce qu'il ne méritait pas de faire partie de la sélection officielle. Et puis, on m'a dit: "pourquoi pas sur la plage?". J'ai dit: "Ah! La plage. Oui, je veux bien. C'est un festival. C'est le football. C'est grand public. D'accord."»

Il assure cependant que la FIFA n'a pas versé d'argent pour que le film soit finalement présenté à Cannes.

Sorti aux États-Unis en juin, le film n'a fait que 900 $ dans 10 cinémas le premier week-end. En France, United Passions: la légende du football a sauté l'étape des salles et s'est retrouvé directement dans les bacs des clubs vidéo. Il a été présenté dans une poignée de pays dans le monde. Selon la firme Rentrak, il avait fait 178 639 $ de recettes dans les cinémas - surtout en Russie - avant sa sortie aux États-Unis. Le Guardian de Londres a parlé de «purs excréments cinématographiques».

C'est la FIFA qui a financé en grande partie la production, évaluée à 30 millions $ US. Dans le film, le président Blatter, interprété par Tim Roth, est dépeint comme un homme qui a réussi à faire de la FIFA un succès financier, et qui dénonce toute corruption.

En réalité, l'organisation est aux prises avec un scandale de corruption, et M. Blatter a annoncé son départ prochain, après 17 ans aux commandes.