Soixante-six ans après la sortie originale du chef d'oeuvre noir de Carol Reed, The Third Man a été à nouveau lancé en grande première à Cannes, en version remasterisée.

Il s'agissait un peu d'un retour au bercail pour le film, qui a gagné la Palme d'or lors du troisième Festival de Cannes, en 1949. Il était de retour dans le cadre de la programmation Cannes Classics.

Une version remasterisée du Third Man est un peu comme le septième ciel pour les cinéphiles. Depuis que les spectateurs ont posé les yeux dessus pour la première fois, le film a été retenu comme l'une des oeuvres cinématographiques les plus appréciées de tous les temps et est admiré pour son atmosphère d'après-guerre, son humour sombre et ses profondes ombres expressionnistes.

Il comporte aussi une des trames sonores les plus remarquables (la cithare d'Anton Karas), une des plus grandes scènes (le discours de l'horloge coucou d'Orson Welles) et l'une des poursuites les plus spectaculaires.

Selon le critique américain Roger Ebert, le long-métrage «incarne parfaitement l'attrait d'aller au cinéma». Welles disait lui-même qu'il s'agissait de son seul film qu'il aimait toujours revoir.

Le film mettait aussi en vedette Joseph Cotton, Alida Valli et Trevor Howard.

Les amateurs seront heureux d'apprendre que la remasterisation du long métrage par Rialto Pictures a encore amélioré et clarifié la photographie en noir et blanc du Third Man. Cette nouvelle version prendra l'affiche aux États-Unis à la fin juin.

Sa sortie coïncide aussi avec le 100e anniversaire d'Orson Welles, souligné à Cannes par plusieurs projections, notamment celles de deux nouveaux documentaires sur lui. Des producteurs et la fille de Welles, Beatrice, mènent présentement une campagne de sociofinancement avec un objectif de 2 millions de dollars US pour compléter la postproduction de son dernier film inachevé, The Other Side if the Wind.

La pertinence du The Third Man, scénarisé par Graham Greene, risque de ne jamais s'éteindre, grâce à son portrait du crime à l'époque de l'après-guerre et l'attrait du personnage d'Orson Welles, Harry Lime, un gangster rationnel et séduisant.

«Tu sais ce qu'un écrivain a dit un jour? En Italie, pendant 30 ans, ils ont eu les Borgia, la guerre civile et la terreur, dit le personnage. On vous tuait pour un rien mais ils ont produits Michel-Ange, Leonard de Vinci et la Renaissance; tandis qu'en Suisse, ils ont pratiqué la fraternité, ils ont connu durant 500 ans la démocratie et la paix et ils ont produit une pendulette qui fait coucou. Au revoir Johnny.»