En prêtant sa voix au personnage de Julius dans le long métrage d'animation Avril et le monde truqué, Marc-André Grondin a vécu une première expérience du genre. Et il a aimé.

C'est que, contrairement à du doublage, Grondin n'avait pratiquement aucune référence visuelle. Au contraire, c'est à partir de sa voix et des intonations et modulations qu'il allait donner au texte que les techniciens en animation allaient donner vie au personnage.

«J'ai fait des voix dans le passé mais c'était ici une première de faire les voix seul et voir le résultat un an plus tard. En enregistrant, je n'ai pas non plus entendu les voix des autres personnages. J'étais seul face aux réalisateurs qui était sur Skype (rires).»

Le résultat de tout cela, les cinéphiles pourront le voir samedi soir à la Cinémathèque québécoise où le film sera présenté en première québécoise dans le cadre des 14es Sommets du cinéma d'animation.

Inspiré du travail de l'auteur et dessinateur Jacques Tardi, ce long métrage de Franck Ekinci et Christian Desmares nous entraine dans un Paris de 1941 bien différent, à tout le moins dans son aspect esthétique, de la ville sous occupation allemande.

Dans ce Paris donc, Avril (voix de Marion Cotillard), une jeune femme esseulée, recherche intensément ses parents, des scientifiques disparus. Elle bénéficiera dans sa quête de l'aide de Julius, rencontré dans les ruelles.

«Julius est un jeune de la rue, dit Grondin. Un jeune qui réussit à se débrouiller, qui fait mille et un tours pour survivre. Il vole un peu. Il est un peu le partenaire improbable d'Avril.»

Contribution québécoise

Le projet, une coproduction, met de l'avant beaucoup de talents québécois. Une bonne partie des séquences d'animation ont été créées dans des studios montréalais. De plus, les comédiens Benoit Brière et Macha Grenon prêtent aussi leur voix à des personnages.

Marc-André Grondin a été saisie par le travail créatif entourant un tel projet.

«En cinéma d'animation, ça prend beaucoup de gens qui ont beaucoup de talent pour réussir à produire un film, dit-il. C'est long, c'est un travail de moine, très différent de ce qu'on fait avec un plateau de tournage où tout est rapide. En animation, il y a encore quelque chose de mystique, de cérémonial. Je crois qu'il y a quelque chose de très pur là-dedans.»

Plusieurs éléments l'ont conduit à accepter le personnage de Julius.

«Le projet, le casting, le scénario; tout m'apparaissait intéressant, dit-il. Le scénario est super beau. J'ai vu les maquettes et je trouvais qu'il y avait quelque chose de mature dans le dessin. Il y avait un truc pouvant plaire aux adultes, autant dans le propos que dans l'illustration.»

Il y a aussi un aspect environnemental puisque l'histoire est campée dans un Paris chauffant au charbon, ce qui fait dire au comédien que le propos a un aspect aussi très noir.

Après sa première québécoise samedi soir, l'oeuvre, distribuée chez nous par Métropole Films, reviendra en salles en février prochain.