Joel Edgerton s'est fait un beau cadeau en écrivant et réalisant The Gift. Il campe aussi l'un des rôles principaux dans ce thriller psychologique où les personnages incarnés par Rebecca Hall et Jason Bateman reçoivent, eux, un cadeau empoisonné.

Il a toujours été clair pour Joel Edgerton qu'il s'installerait un jour dans le fauteuil du réalisateur. L'acteur australien que l'on a découvert dans Animal Kingdom, que l'on a retrouvé dans Zero Dark Thirty et Exodus - Gods and Kings et que l'on verra cet automne dans Black Mass, a aussi écrit des scénarios - dont ceux de The Square et de The Gift, dans lesquels il joue également.

«Et quand je me suis mis à l'écriture de The Gift, c'était avec l'intention de créer puis de jouer un personnage qui donne la chair de poule. Comme acteur, j'avais le désir d'explorer cela. De plonger dans l'inconfort que suscite une amitié à sens unique et dans le malaise qu'on éprouve au contact de quelqu'un qui paraît bizarre selon les normes de la société.

«Mais pendant ce processus d'écriture, je me suis rendu compte qu'il était tout à fait envisageable pour moi de réaliser le long métrage. Je savais comment. À partir de là, j'ai été obsédé par cette idée de prendre la barre du projet», raconte Joel Edgerton lors d'une rencontre de presse tenue à Los Angeles, dans le quartier Sherman Oaks, dans la maison même où s'est déroulé la moitié des 23 jours du tournage de The Gift.

Une maison claire. Très vitrée. Donnant l'impression que ses habitants vivent dans un aquarium géant. Où ils ne peuvent se cacher. Eux qui ont pourtant bien des secrets, comprend-on graduellement.

Eux, ce sont Robyn et Simon. Ils sont incarnés par Rebecca Hall et Jason Bateman. Ils sont mariés. Semblent heureux. Viennent de s'installer à Los Angeles. Une nouvelle maison. Tout leur sourit.

Et puis, ils rencontrent Gordo (Joel Edgerton). Qui reconnaît Simon. N'allaient-ils pas à l'école secondaire ensemble? Oui. C'était il y a 20 ans. Et il s'est alors passé des choses que le temps, même s'il a coulé, n'a pas effacées. Ni cicatrisées.

«Tu en as fini avec le passé, mais le passé n'en a pas fini avec toi», dira Gordo après que ses cadeaux et visites auront été... moins bien reçus par le couple qu'ils ne l'étaient dans un premier temps.

À partir de là, les cartes sont (re) tournées. Les masques tombent, parfois pour en dévoiler d'autres. Le scénario terriblement intelligent de The Gift est en effet riche en rebondissements tous plus imprévisibles et surprenants les uns que les autres.

«De tout ce que j'ai écrit, c'est ce qui a été le plus méticuleusement et finement orchestré, et aussi le plus scruté. Je détesterais découvrir que j'ai laissé des questions sans réponse... mais je sais que j'ai répondu à toutes. Sauf que je ne suis pas prêt à donner les réponses. Bref, les indices sont là, les clés sont dans le film.»

Au spectateur d'ouvrir les yeux et, s'il le faut, de s'offrir un deuxième visionnement pour les trouver. Puis de discuter de ce qu'il a trouvé. Ou de ce qui lui manque. C'est l'un des buts de Joel Edgerton: provoquer des conversations à la sortie des cinémas. «Mais j'espère que ça ne "clouera" pas les gens trop longtemps dans des zones trop sombres de leur propre histoire», ajoute-t-il avec un sourire... un brin machiavélique.

Parce qu'il a tout fait pour, justement, provoquer l'inconfort, le malaise, la tension. Dans son scénario. «Mais l'écriture n'est qu'un déclencheur. Le thriller psychologique, pour qu'il fonctionne, vient aussi du design sonore, du montage, de la photographie. Tout cela "habille" l'histoire et le travail des acteurs.»

À ce titre, toute l'équipe de The Gift est coupable.

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The Gift (Le cadeau) prend l'affiche le 7 août. Les frais de voyage ont été payés par Les films Séville.