À l'époque où Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm formaient un couple, la vie et le cinéma se sont toujours entremêlés. À cet égard, leur dynamique de création reste toujours la même.

«Le réel peut surgir à tout moment dans le cinéma de Valérie, explique l'acteur et scénariste. C'est ce que j'aime. Par exemple, on souhaitait emprunter un ton de comédie dans La guerre est déclarée, mais l'émotion nous a finalement submergés en cours de route. Pour Main dans la main, Valérie avait plutôt envie d'un truc moins naturaliste. Elle voulait aussi recourir à des choses qu'elle avait déjà mises en place dans La reine des pommes. Progressivement, il y a une petite mélancolie qui s'installe dans cette histoire. Main dans la main est un drôle de film. Il est presque aussi personnel que La guerre est déclarée finalement.»

Jérémie Elkaïm prête ici ses traits à Joachim, un jeune miroitier qui devra malgré lui vivre une relation fusionnelle avec Hélène (Valérie Lemercier), la directrice - plus mûre - de l'école de danse de l'Opéra Garnier de Paris.

«J'ai l'impression que Joachim a un côté très féminin, dit-il. Il a quelque chose de pas tout à fait terminé non plus. Une âme pure à vrai dire. Tout un contraste avec Hélène, qui semble plutôt revenir de la guerre. Quand je pense à elle, je pense aussi à cette phrase d'un poème d'Henri Calet: «Ne me secouez pas, je suis plein de larmes».»

Comme un rapport amoureux

Au cours de sa préparation avec Valérie Lemercier, Jérémie Elkaïm a fait une découverte inattendue.

«Dans mon esprit, le rapport amoureux est le seul à travers lequel on peut vivre une réelle intimité avec quelqu'un, explique-t-il. On peut aimer, être très près de quelqu'un, mais on n'est jamais intime avec le corps d'un autre s'il n'y a pas de rapport amoureux. Or, nous avons constaté que l'intimité qui se crée avec un partenaire de danse relève presque du même ordre! C'est très surprenant! Cela a été très utile pour la suite du travail.»

Lui qui a encouragé Valérie Donzelli, qu'il a rencontrée à l'âge de 18 ans, à passer derrière la caméra il y a plusieurs années, s'apprête maintenant à faire de même.

«Il y a des étapes dans la vie, fait-il remarquer. Valérie en était déjà à une étape où elle était prête à passer à la réalisation. Cela se sentait. De mon côté, ce n'était pas le cas. J'ai écrit pour Valérie, pour d'autres cinéastes aussi, j'ai été consultant à l'écriture, j'ai fait l'acteur. Là, à 34 ans, je sens que je suis prêt à franchir le pas. Maïwenn m'a aussi demandé d'écrire avec elle une série télé qu'elle destine à Canal Plus. On verra où tout cela nous mène!»