Le comédien Martin Dubreuil et le réalisateur Maxime Giroux s'envoleront pour Venise à la mi-décembre afin de tourner les premières séquences de Félix et Meira, histoire d'un amour impossible entre un Québécois francophone et une juive hassidique.

«Je joue au théâtre à la fin de la présente saison. Et deux jours après ma dernière représentation, je pars pour Venise», a indiqué Martin Dubreuil à La Presse en marge de son entrevue portant sur la sortie du film Chasse au Godard d'Abbittibbi. «Dans l'histoire de Félix et Meira, le personnage de Félix que j'interprète est obsédé par Venise, qui est la ville de la romance.»

L'essentiel de l'histoire se passe dans le quartier Mile End, où Félix, homme bohème et irresponsable à la fin de la trentaine, tombe amoureux d'une jeune juive hassidique mariée et mère d'un enfant. «Mon personnage est une espèce d'hurluberlu qui erre sans trop de but dans son quartier», s'amuse à décrire Martin Dubreuil.

Dans le rôle de Meira, la comédienne israélienne Hadas Yaron donnera la réplique à Martin Dubreuil. En septembre 2012, cette dernière a remporté la coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine pour son rôle de Shira dans le long métrage Fill the Void présenté à la Mostra de Venise.

Lundi dernier, le quotidien spécialisé Qui fait quoi a publié un long article consacré au tournage de Félix et Meira dans lequel le producteur Sylvain Corbeil (Metafilms) a indiqué qu'après deux jours de tournage à Venise, une équipe réduite se rendra à New York avant les Fêtes pour quatre autres jours de prises de vue. Le bloc le plus important (19 jours) sera tourné à Montréal au retour des Fêtes, a ajouté M. Corbeil.

Deux sociétés

Maxime Giroux en sera à son troisième long métrage après Demain et Jo pour Jonathan, deux films très sombres et durs pour l'âme. Félix et Meira prendra des accents beaucoup plus comiques et ira dans des zones plus lumineuses, promet-on.

Dans une entrevue accordée à La Presse en septembre 2012, Giroux avait indiqué que son oeuvre se nourrissait en partie de son propre vécu dans le Mile End.

«Alex Laferrière [coscénariste] et moi habitons dans le Mile End, disait-il à l'époque. On a tout le temps côtoyé les juifs hassidiques sans avoir de contacts avec eux. Le film est donc un désir de rencontrer l'autre, de voir comment il vit, comment il est. Et en marge de cette histoire d'amour impossible, il y a aussi un certain portrait de deux sociétés qui, culturellement, se battent pour préserver des choses: le Québec francophone et les juifs hassidiques.»

À Qui fait quoi, Sylvain Corbeil a précisé que le montage financier n'est pas tout à fait bouclé, mais que le tournage ira de l'avant. À l'heure actuelle, la production repose sur un budget d'environ 500 000$ et a reçu l'appui de Téléfilm et du fonds Harold Greenberg. Une décision de la SODEC est attendue. Des discussions ont aussi été amorcées avec la chaîne européenne ARTE et un distributeur international.

Jeune maison de production, Metafilms enchaîne les productions qui accumulent les succès tant auprès des critiques que sur la route des festivals. Son catalogue comprend des films tels Vic + Flo ont vu un ours et Bestiaire de Denis Côté, Quelqu'un d'extraordinaire de Monia Chokri, Diego Star de Frédérick Pelletier, Nuit #1 d'Anne Émond ou encore Laurentie de Mathieu Denis et de Simon Lavoie.