Il a longtemps été The Rock. Et d'une certaine manière, il l'est toujours tant il en impose, à l'écran comme à la ville. Où il va aujourd'hui sur son seul patronyme. Dwayne Johnson.

Pas étonnant qu'il soit spontanément monté au front lorsque la question, prévisible mais nécessaire, s'est élevée au début de la conférence de presse organisée dans un hôtel de Los Angeles dans la foulée prochaine de la sortie de San Andreas du réalisateur canadien Brad Peyton. On n'en attendait pas moins de lui.

San Andreas, film catastrophe très représentatif du genre, imagine un séisme majeur provoquant la destruction de San Francisco et de Los Angeles. Un long métrage de pur divertissement. Dont la promotion se fait quelques semaines après qu'un tremblement de terre ait fait plus de 8600 victimes au Népal.

«Nous avons fait ce film en pleine connaissance de cause, en sachant et en comprenant que dans le monde où nous vivons, ce genre de choses arrive. Nos pensées et nos prières vont aux gens touchés par ce drame mais la vérité, c'est que quand vous vous lancez dans un projet comme celui-ci, vous y mettez tout votre coeur et toute votre âme. Ce, afin d'essayer de faire un bon film», a-t-il répondu. Et de rappeler qu'il a grandi à Miami, où il se trouvait en 1992 lors du passage de l'ouragan Andrew, l'un des plus destructeurs à avoir frappé les États-Unis.

L'ancien joueur de football devenu lutteur puis acteur est appuyé en ce sens par Brad Peyton, avec qui il refait équipe après Journey 2: The Mysterious Island: «Ce n'est pas une invasion extraterrestre ou une rébellion de robots. Il y a de réelles implications mondiales à des tragédies comme celle que nous relatons dans le film, et nous n'avons pas traité cela à la légère. Je pense que cela se reflète dans le ton du long métrage, même si son but premier est de divertir.»

Jamais sans ma fille

Dans San Andreas, Dwayne Johnson se glisse dans la peau de Ray Gaines, pilote d'hélicoptère pour le Los Angeles Fire Department qui mène des opérations de recherche et sauvetage. S'il excelle au boulot, il est proche du fond du baril côté vie personnelle. Sa femme (Carla Gugino) vient de lui envoyer les papiers de divorce. Et elle va s'installer, avec leur fille (Alexandra Daddario), chez le richissime architecte qui est le nouvel homme de sa vie (Ioan Gruffudd).

Parallèlement à cela, le long métrage nous entraîne au California Institute of Technology, dans le laboratoire d'un sismologue (Paul Giamatti) qui a peut-être mis au point un modèle mathématique permettant de prédire les secousses sismiques. Ce jour-là, il fait part de ses résultats à une journaliste (Archie Panjabi, de The Good Wife).

C'est alors que la terre se met à trembler. Catastrophe naturelle déferlant sur des personnages archétypaux placés sur un échiquier familier, se déclinant sur le scénario classique du genre.

Et Ray, donc, renouant avec son ex, de partir au secours de leur enfant. «S'il y a une idéologie dans ce film, elle concerne l'importance de la famille et la force dont nous faisons preuve lorsqu'une tragédie s'abat sur nous», indique ici Dwayne Johnson. «Au bout du compte, San Andreas est un film de catastrophe naturelle mais il raconte surtout une famille qui fait tout pour se reformer», poursuit Brad Peyton.

Le réalisateur dit être fier d'avoir réalisé un long métrage «qui ne soit ni amusant ni bébête»: il a approché San Andreas comme Jaws, «parce que les requins, comme les séismes, existent vraiment. Nous ne sommes pas dans le calendrier maya mais dans la vraie vie. Je trouvais important que tout en divertissant, on sensibilise l'audience à propos des tremblements de terre», explique celui qui a grandi à Terre-Neuve et a donc, une bonne partie de sa vie, perçu les séismes comme une fantaisie. C'était jusqu'à ce qu'il s'installe en Californie.

Les piliers du rock

Jouant aussi la carte vérité, Alexandra Daddario (vue dans les Percy Jackson) a pensé aux attentats du 11-Septembre quand elle est allée passer l'audition pour le rôle de cette fille débrouillarde qu'est celle de Ray: «J'étais à New York ce jour-là et j'ai pu voir combien les gens se tenaient les coudes. C'est fou ce qu'après coup, je me suis sentie capable de faire pour aider les autres. C'est une expérience que vous ne pouvez simuler.»

Carla Gugino, l'autre pilier féminin du film, a aussi puisé dans ce drame. Elle était là. Elle a vu les tours s'effondrer. «Dans ces moments de crise, les humains sont capables d'une formidable résilience.»

Les deux actrices ont cherché à insuffler ce qu'elles avaient ressenti ces jours-là et les suivants aux personnages forts qui, à l'écran, sont aux côtés - et non dans l'ombre, massive - de Dwayne Johnson.

Ceux qui habitent l'autre arc dramatique du long métrage ont agi de même. Ils jouent ainsi, tous, dans le même film.

«Jusqu'à ce que j'arrive en Amérique, je n'avais jamais connu de désastre naturel, raconte l'actrice britannique Archie Penjabi. Puis, je suis arrivée à New York, j'ai essuyé l'ouragan Sandy, je n'ai eu ni eau ni électricité pendant une semaine. Je me suis rendu compte combien nous sommes dépendants des technologies, ça m'a fait me poser des questions - qui sont remontées à la surface avec ce projet.»

Toujours pince-sans-rire, Paul Giamatti a pour sa part fait remarquer que, venant du Connecticut, «les seules catastrophes qui me sont familières sont de nature économique». Mais, bon, il était dans la Grosse Pomme secouée par les attentats, assez pour voir bien des choses: «Je ne sais pas si j'ai fait quoi que ce soit d'héroïque - non, en fait, je n'ai rien fait de tel; mais il était très inspirant de voir comment les gens ont réagi et répondu.» Et ce moment l'a aidé à bâtir son personnage, ce scientifique qui sait et qui veut, doit, faire partager ses connaissances. Pour sauver ses semblables.

Film divertissant mais, aussi, patriotique, que San Andreas? Sa dernière image en dit long là-dessus.

San Andreas (San Andreas) prend l'affiche le 29 mai.

Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.