«Elle n'aime pas les "gratteux" de guitares, les carrés rouges, les artistes et les "mangeux de marde". Voici matricule 728, Stéfanie Trudeau.»

C'est ainsi que Guy A. Lepage a présenté, dimanche, l'ex-policière controversée Stéfanie Trudeau sur le plateau de Tout le monde en parle. Depuis quelques jours, de nombreux téléspectateurs réagissent sur les réseaux sociaux, tout comme certains commentateurs de radios et de journaux. Radio-Canada aurait organisé un «dîner de cons», accusent-ils.

Le cinéaste Philippe Falardeau et l'acteur Patrick Huard sont plongés au coeur de cette controverse. On reproche aux deux hommes, présents à l'émission pour parler du film Guibord s'en va-t-en guerre, qui sortira en salle le 9 octobre, d'avoir abusé de leur statut d'artiste pour dénigrer l'ex-policière.

«[Patrick Huard] est totalement incohérent. Des auditeurs le traitent de trou de cul et de cave. Il a couru après! C'est pas lui qui disait dans son sketch: "Ferme ta yeule" ? Y aurait peut-être dû appliquer sa propre recette», a dit lundi l'animateur Éric Duhaime à son micro du FM93, à Québec.

«As-tu remarqué que [son] verre de vin se vidait à une vitesse assez phénoménale, durant l'échange avec matricule 728? Je me disais: "Arrête de boire, Patrick". Ça aurait aidé à la qualité de l'échange. [...] On sent qu'il n'aime pas la police et qu'il a de la difficulté à respecter l'autorité», a ajouté l'ancienne ministre libérale Nathalie Normandeau, avec qui il partage le micro.

Matricule 728 réagit

Pour la première fois depuis dimanche, où elle présentait son livre Matricule 728 - Servir et se faire salir: mon histoire, l'ancienne policière du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) Stéfanie Trudeau a réagi. En entrevue avec La Presse, elle affirme ne pas regretter son passage à l'émission, même si elle était en terrain hostile.

«C'est sûr que lorsque je suis arrivée là, je m'y attendais. J'étais attendue par le milieu artistique depuis quelques années. »

Sur les réseaux sociaux, certains téléspectateurs écrivent qu'ils boycotteront Guibord s'en va-t-en guerre. Stéfanie Trudeau n'encourage toutefois pas le public dans cette voie.

«Je n'étais pas là pour que le monde se plante et moi non plus, je ne voulais pas me planter. Les gens ont droit à leur opinion. Si le monde n'a pas aimé son attitude et ne veut plus aller voir son film, ça montre que le dîner de cons a des conséquences», a-t-elle affirmé.

«Par contre, je n'encourage pas les gens à boycotter son film. [Falardeau et Huard] ont droit à leurs opinions», a-t-elle répété, ajoutant que l'équipe de l'émission avait toujours maintenu une attitude cordiale envers elle.

«On ne fait pas de dîner de cons»

L'animateur Guy A. Lepage, qui est aussi coproducteur de l'émission Tout le monde en parle, est catégorique: «On ne fait pas de dîner de cons.»

«Si on avait voulu [se moquer d'elle], on n'aurait pas invité un réalisateur pacifiste et un acteur, mais plutôt Gabriel Nadeau-Dubois et des gens directement reliés [au printemps érable] qui auraient pu en parler de façon aussi émotive», a-t-il expliqué à La Presse.

Certains se sont demandé pourquoi Stéfanie Trudeau était passée à la fin, plutôt qu'au début de l'émission, où elle aurait pu quitter le plateau sans affronter les autres invités. À cette question, Guy A. Lepage répond que Mme Trudeau a choisi elle-même d'arriver à la fin de l'émission. Souvent, a-t-il ajouté, l'ordre des invités est influencé par le choix de ces derniers, selon leurs contraintes personnelles.

«Ce qu'on a vu dimanche, ce sont des personnes qui se sont affrontées et qui ont des opinions diamétralement opposées. Ce n'est absolument pas un défaut. [...] Non seulement c'était de la bonne télévision, mais en France, ça serait une émission du matin que personne ne commenterait. On a vu pire chez Michel Drucker», a-t-il lancé avec une pointe d'ironie.

Philippe Falardeau et Patrick Huard ont refusé de commenter cette controverse.