Des émissions canadiennes comme Anne of Green Gables et Flashpoint pourraient connaître une deuxième vie en Ukraine alors que le pays évalue la possibilité d'élargir sa programmation, qui était presque entièrement russe auparavant.

L'Ukraine aimerait ainsi avoir l'aide du Canada pour contrer ce que le pays perçoit comme de la propagande russe, avec des logiciels, et peut-être également avec des émissions de télévision canadiennes.

Dans la foulée du conflit dans l'est de l'Ukraine, le président Petro Porochenko a décidé de débrancher les signaux provenant de Russie, laissant un vide dans les horaires des émissions de télévision et des chaînes d'information, selon Youri Artemenko, président du Conseil national de la radiodiffusion et des télécommunications en Ukraine.

Le pays a donc désespérément besoin de matériel pour meubler sa programmation à la télévision et à la radio, selon lui. «Nous tentons de trouver quelque chose (...) Nous avons besoin d'émissions, de drames, de films et de programmes culturels de grande qualité», a expliqué M. Artemenko en entrevue avec La Presse Canadienne.

Il a fait valoir que des émissions de fiction canadiennes - drames et comédies - seraient bienvenues et pourraient être une importante source de regain de moral pour une population anxieuse. M. Artemenko a d'ailleurs confié qu'il était un grand amateur de cinéma québécois.

L'Ukraine n'a pas besoin d'argent pour l'équipement, mais bien de signaux et d'émetteurs, a-t-il précisé.

M. Artemenko, ancien rédacteur en chef reconnu et membre du Parlement ukrainien, déplore que la Russie utilise la télévision pour encourager le soulèvement des rebelles prorusses dans l'est du pays - notamment en diffusant de faux reportages contre les Ukrainiens, selon lui.

La télévision est employée comme «arme de guerre» par les Russes, selon lui, et, dit-il, elle s'avère très efficace auprès des populations plus âgées.

Il a ajouté que l'Ukraine avait besoin d'aide pour la surveillance des médias afin de mieux répondre à des campagnes de désinformation russes, particulièrement en ligne et sur les réseaux sociaux, où les jeunes consomment la majorité de leurs informations.

Il s'est entretenu récemment avec des responsables de Facebook, qui ont été inondés de requêtes - qui auraient émané presque entièrement de Moscou - pour discréditer ou faire retirer des publications pro-ukrainiennes.

«Ma requête a été de dire: S'il vous plaît, mettez en place un nouveau processus pour (désigner) ceux qui sont responsables du contenu de Facebook en Ukraine. Ces gens-là pensent comme des Ukrainiens et comprennent en détail ce qui se passe», a-t-il indiqué.

Les services de renseignements ukrainiens ont une division responsable de surveiller les activités en ligne.

Vitaly Naida, qui est à la tête de cette division, confiait récemment à un magazine que des photos de la guerre civile en Syrie et même certaines datant du conflit dans les Balkans il y a de 20 ans étaient utilisées pour représenter faussement les affrontements dans l'est du pays.

Les autorités ukrainiennes sont toutefois réticentes à comparer la crainte de radicalisation en Occident face aux groupes extrémistes du Moyen-Orient à celle vécue dans leur pays contre les Russes.

«Selon nous, il y a deux types de jeunes qui se battent contre l'Ukraine: ceux qui sont au sein de familles instables, que ce soit par des problèmes sociaux ou la pauvreté, et ceux qui sont mal informés, en quête d'une aventure, qui veulent recevoir le 200 ou 300 $ par jour pour se battre», a expliqué une source qui a requis l'anonymat.