La cinéaste et auteure Anaïs Barbeau-Lavalette et son compagnon Émile Proulx-Cloutier, qui est comédien et chansonnier, ont eu carte blanche pour concocter un spectacle à être présenté dans la Cinquième salle de la Place des Arts. Offre alléchante, vertigineuse, et zone de liberté qu'ils ont partagée avec une quinzaine d'invités triés sur le volet pour constituer un touchant cabaret de l'espoir.

Les deux créateurs n'ont pas choisi de rameuter une brochette de vedettes. Ils ont choisi des artistes hors-normes et des non-artistes qui ont des choses à dire. D'Harmo, par exemple, un quatuor d'harmoniciste épatant. Ou Thomas Hellman, auteur et compositeur qui s'est récemment fait le porte-parole - en chanson - de la poésie de Roland Giguère.

Il y avait aussi Marjolaine Beauchamp, poète, auteure et slameuse capable de remuer le fonds des tripes, qui a livré un texte adressé à un petit frère réel ou imaginaire. Puisque le regard qu'elle pose sur le monde, et en particulier sur les poqués de la vie, a des points communs avec celui d'Anaïs Barbeau-Lavalette, elle a aussi lu un extrait du roman de la cinéaste, Je voudrais qu'on m'efface.

Les numéros s'enfilaient dans un mouvement fluide, sans l'intervention d'un maître de cérémonie, avec pour seul fil conducteur la cohésion des thèmes, le regard des auteurs et l'absence de flafla dans la livraison. Nul besoin d'en rajouter côté spectacle quand on a des propositions personnelles, des mots qui portent et des choses à dire.

Ce qui se dégage de ce cabaret touchant qui, oui, frise parfois le bon sentiment, c'est l'envie de montrer et de dire des réalités complexes, desquelles on détourne souvent le regard. Parce qu'on pense avoir déjà vu ou déjà entendu tout ça. Mais quand c'est fait habilement, comme les chansons d'Émile Proulx-Cloutier, visiblement influencé par Desjardins, ça paraît neuf. Encore une fois.

Cette envie de mettre en lumière le réel a aussi incité les deux créateurs du cabaret à s'inventer une forme commune: le documentaire scénique. Deux segments du spectacle sont ainsi consacrés à des «personnages»  présents sur scène, mais qui se racontent surtout à travers une narration préenregistrée...

Ceux deux personnes s'appellent Jane et Kevin. Chacun d'eux a traversé des épreuves qui auraient pu les faire sombrer. Ils ont résisté, chacun à sa manière. Avec courage et humilité, ils partagent un moment de leur trajectoire de vivant. De survivant, peut-être.

Et c'est là le coeur de ce spectacle: l'espoir. Jane et sa longue route vers l'acceptation de soi. Kevin et son devoir de mémoire pour les siens. Le «petit frère» de Marjolaine Beauchamp qui, enfin, lève les yeux vers l'horizon. La folle liberté de D'Harmo. La résilience de la jeune Ina Litovsky, personnage du court métrage d'Anaïs Barbeau-Lavalette présenté dans ce cabaret de l'espoir, dans ce touchant cabaret des vivants.

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Encore vendredi et samedi, 20 h, à la Cinquième salle de la PDA.