Après une pause d'un an bien involontaire pendant laquelle Céline Dion a veillé sur son mari René Angélil, son équipe s'est retrouvée pour relancer son spectacle à Las Vegas. Le mot d'ordre: soyons positifs. Conversations avec le concepteur visuel Yves Aucoin et le directeur musical Scott Price.

Comme un peu tout le monde, Scott Price a été surpris d'apprendre, en mars dernier, que le contrat du directeur musical de longue date de Céline Dion, Claude «Mégo» Lemay, ne serait pas renouvelé. Et quand il est rentré de vacances en Floride, Price a constaté que la rumeur faisait de lui le successeur de Mégo.

«Tout le monde pensait que c'était un done deal, mais ça ne l'était pas, explique Price. Mais quand Aldo m'a appelé deux semaines plus tard sur mon cellulaire, je me suis dit: «Ah ben, coudonc...»»

«On a réfléchi à la possibilité de prendre un Américain, raconte l'imprésario Aldo Giampaolo. Mais j'avais aimé la façon de travailler de Scott dans la première tournée de Star Académie dont j'étais le promoteur. En plus, Scott était du concert de Céline sur les Plaines. J'ai suggéré à René et Céline de choisir un Québécois qui a toutes les compétences plutôt que quelqu'un de Las Vegas.»

Ce concert sur les plaines d'Abraham, en 2008, a eu des conséquences insoupçonnées pour Scott Price. Par la suite, on lui a demandé d'orchestrer deux chansons de l'album Sans attendre [Une chance qu'on s'a et Les petits pieds de Léa]. Plus encore, c'est après le concert sur les Plaines que René Angélil et Céline Dion ont eu l'idée d'entourer la chanteuse d'un grand orchestre dans son deuxième spectacle à Las Vegas en 2011. «J'ai pris ça comme un compliment», dit Price en souriant.

Price n'était pas un inconnu pour le couple Dion-Angélil. Bien avant le concert sur les Plaines, il avait été le claviériste de Céline Dion lors de sa tournée québécoise Incognito, vers la fin des années 80. Et quelques années auparavant, on l'avait engagé pour jouer un peu de synthés lors d'une séance d'enregistrement au studio Tempo.

Le musicien, chef, compositeur et orchestrateur a un CV bien rempli. Il a travaillé dans le domaine du cirque jusqu'en Suisse et en Chine, il est le chef d'orchestre des galas Juste pour rire depuis longtemps et il compose des musiques pour les gags Juste pour rire. On lui doit également les musiques des téléromans L'auberge du chien noir et Les poupées russes. Il a travaillé avec André Gagnon et Michel Tremblay sur l'opéra Nelligan en 1990, il a accompagné Ginette Reno et Charles Aznavour pendant sa tournée québécoise de 2002 et il a été de toutes les tournées de Star Académie.

Et voilà qu'à 54 ans, une nouvelle aventure débute avec Céline Dion.

«Je suis ton pianiste»

Scott Price a eu une première rencontre avec René Angélil et Céline Dion en avril à Las Vegas. «René était en super forme ce jour-là. J'ai demandé à Céline si on pouvait passer du temps juste moi au piano et elle qui chante. Elle avait l'air surprise, comme si elle n'avait pas fait ça auparavant. Je lui ai dit: «C'est normal, je suis ton pianiste. Faut qu'on joue ensemble.» Donc j'y suis retourné en juin et on a passé une journée en studio ensemble.»

Price a également dû remplacer le guitariste André Coutu, le claviériste Yves Frulla et le violoniste Jean-Seb Carré, dont les contrats n'ont pas été renouvelés, ainsi que le bassiste Marc Langis, parti diriger le Conservatoire de musique de Gatineau. Le guitariste Kevin Girouard, le bassiste Yves Labonté et le vétéran claviériste Jeffrey Fisher se sont donc joints au batteur Dominique Messier, au percussionniste Paul Picard et aux choristes Barnev Valsaint, Élise Duguay et Dawn Cumberbatch.

À son retour à Las Vegas, il y a deux semaines, Scott Price ne s'attendait pas à ce que Céline Dion participe aux premières répétitions. La chanteuse est arrivée fin prête.

«Elle est tellement en forme vocalement! Elle veut tellement. Un jour, elle a chanté de 14h à 21h30. Même les gars étaient un peu fatigués...», raconte son nouveau directeur musical.

Céline avait également plusieurs bonnes idées à proposer à son nouveau directeur musical. Price voulait intégrer dans la chanson The Show Must Go On, de Queen, qu'elle chantait dans sa tournée de 2008, des emprunts à Beethoven, Rossini et Bach. La chanteuse lui a proposé d'ajouter un peu de Richard Strauss dans la finale de la chanson.

«C'est dramatique, c'est over the top, les cordes vont vraiment être mises en valeur avec ça», dit un Scott Price enthousiaste.