«Merci pour votre soutien à Rdio au fil des années. [...] Conséquence de l'acquisition prévue par Pandora, le service de Rdio fermera progressivement au cours des prochaines semaines.»

Les milliers d'abonnés de Rdio ont appris, hier, que le service d'écoute de musique en continu disparaîtra sous peu. Acculé à la faillite, Rdio a vendu sa technologie et sa propriété intellectuelle à Pandora pour 75 millions.

Les abonnés de Rdio - comme ceux de Spotify et Deezer - louaient la musique qu'ils écoutaient au tarif mensuel de 9,99 $ (sans en posséder les fichiers musicaux). Ils pouvaient bâtir des listes d'écoute et les partager. Mais avec la fermeture imminente de Rdio, ils constatent en quoi le streaming diffère d'une bibliothèque musicale (comme celle d'iTunes) bâtie avec des chansons achetées par téléchargement.

«C'est la fin de trois ans de découvertes musicales, de réseautage et de réassemblage en streaming de ma collection de CD, cassettes et vinyles. Tout est à rebâtir.», affirme Patrick Labbé, patron du label québécois Sexy Sloth.

Se tourner vers Spotify ou Deezer? «Je n'ai pas trouvé de plateforme similaire dans les autres services de streaming. Rdio me rappelle l'époque où j'étais disquaire. Je reçois toutes les nouveautés chaque semaine et je peux tout écouter en rafale», répond Patrick Labbé.

Apprécié des musiciens

Rdio, et sa plateforme au graphisme épuré et facile d'utilisation, était très apprécié des mélomanes et des musiciens. «Je vais m'accrocher à Rdio jusqu'à son dernier souffle», a écrit hier sur Twitter à ses 236 000 abonnés le directeur artistique Doug Bowman (un bonze qui a travaillé chez Google, Twitter Disney, Wired et Stop Design).

Dans le Vanity Fair, le journaliste Ryan Bradley (The New York Times, Fortune, Fast Company) se désolait de voir son service préféré disparaître, un service qui misait beaucoup sur le partage de découvertes musicales entre amis utilisateurs.

Un mélomane pouvait, par exemple, importer la liste d'écoute de musique de Noël ou de jogging de ses amis.

Selon Ryan Bradley, Rdio a souffert d'un marketing déficient. Parmi les autres facteurs en cause, citons une mauvaise gestion et le fait que Rdio a mis du temps à offrir un service gratuit en marge de son abonnement.

En début d'année, Rdio avait annoncé que son service d'écoute de musique en ligne serait offert dans 24 nouveaux pays, notamment en Inde et en Amérique centrale. Mais l'entreprise n'a pas su s'adapter à la concurrence féroce causée par l'arrivée des Spotify, Apple Music, Amazon Music, Deezer et Tidal en Amérique du Nord.

Rdio offrait plusieurs listes d'écoute de musique francophone et québécoise.

«Comme notre mandat est de nous assurer le meilleur rayonnement possible pour la musique d'ici, nous n'aimons jamais voir une plateforme de musique disparaître, a commenté à La Presse Georges Tremblay, du distributeur numérique Believe Digital [boîte partenaire du distributeur québécois DEP qui fournit aux services d'écoute en ligne le catalogue de certaines maisons de disques québécoises]. Nous allons continuer de travailler avec les producteurs québécois et canadiens et les plateformes actives pour assurer une place de choix à la musique d'ici dans le monde numérique.»

Soulignons que Google Play Music a convié les journalistes au bureau montréalais de Google pour une annonce importante le 2 décembre. Quant à Pandora, le service est de qualité, mais n'est toujours pas disponible au Canada.

PHOTO LA PRESSE CANADIENNE