The Barr Brothers est en train de peaufiner les derniers détails de son deuxième album, qui sortira au début de 2014. Le groupe folk n'est pas en retraite pour autant. Jeudi, il assure la première partie de The National aux abords du canal de Lachine, sans compter qu'il se produira sur la grande scène du Festival de jazz, le 29 juin, en plus de partir en tournée en Angleterre, en septembre.

The Barr Brothers en aura fait du chemin avec son premier album sorti en septembre 2011. Du plateau de David Letterman au gala des Juno (en nomination pour le meilleur album adulte-alternatif), The Barr Brothers a donné des centaines de spectacles et participé à une panoplie de festivals.

Mardi dernier, Sarah Page, Andres Vial ainsi que les frères Andrew et Brad Barr sont passés par La Presse pour faire le bilan et dévoiler des détails de leur deuxième album.

«On a procédé différemment, explique Brad Barr. Pour le premier album, Andrew et moi avons enregistré des trucs dans notre studio, puis nous nous sommes promenés dans différents endroits avec de l'équipement mobile. Cette fois-ci, nous sommes restés enfermés en studio pour enregistrer une vingtaine de chansons.»

Le quatuor a enregistré du matériel pendant trois semaines chez Mixart, puis au studio Breakglass. «La semaine prochaine, on va aussi faire des sessions enregistrements à l'Hotel2Tango. On veut aller dans tous les studios de Montréal», blague Brad Barr.

Les Barr Brothers ont eu recours au service de l'ingénieur de son Ryan Freeland (Aimee Mann, John Fogerty, Bonnie Raitt), qui a fait le voyage de Los Angeles, en avril dernier. «Nous avons fait peut-être 10 versions de chacune des 20 chansons, donc là, nous sommes à l'étape de réécouter tout ça et de nous surprendre d'entendre tel ou tel arrangement», explique Andrew Barr.

Plus d'options est synonyme de davantage de décisions difficiles à prendre avant que le mixage de l'album se fasse à Los Angeles cet été comme prévu. «C'est comme une fête d'enfants. Il faut voir quelles chansons s'entendent bien ensemble», illustre Andres Vial.

«Cela fait deux ans que l'on fait des spectacles sur la route, poursuit Sarah Page. Des chansons sont nées sans plan de les enregistrer. Il y a même des nouvelles pièces que nous jouons live depuis un an et nous sommes habitués de les entendre dans un certain contexte. Il faut prendre du recul.»

Les Barr Brothers repoussent les frontières du folk dans toutes les directions (blues, world, cajun, rock). Sa valeur ajoutée est la harpe gracieuse de Sarah Page. En tournée, la harpiste doit souvent louer l'imposant instrument... qui ne court pas les rues. À San Francisco, elle s'est retrouvée avec la harpe ayant servi à la trame sonore du film Predator, avec Arnold Schwarzenegger. En Oregon, il y a eu un malentendu: la propriétaire de la harpe pensait jouer avec les Barr Brothers et ne voulait pas prêter son instrument. Sarah a dû trouver une autre harpe. Or, c'était une harpe électronique dont les cordes étaient des lasers lumineux...

La petite histoire du groupe

Des anecdotes et des événements fortuits, les Barr Brothers en ont plein leur biographie. La petite histoire du groupe mérite d'être racontée une fois de plus. Brad et Andrew Barr ont vécu longtemps à Boston. Ils avaient un groupe jazz-country expérimental nommé The Slip, qui a sorti au moins six albums. En 2003, The Slip se produisait au défunt Swimming quand une alarme d'incendie a causé une évacuation. Andrew Barr a alors rencontré la barmaid Meghan. Le coup de foudre. Un an plus tard, cette dernière était au spectacle que The Slip donnait au Cabaret, puis les frères Barr déménageaient à Montréal peu de temps après.

Encore une fois, le hasard a bien fait les choses. Un soir, Brad Barr a entendu le son d'une harpe dans son appartement voisin du Plateau. Il a frappé à la porte, puis il a rencontré Sarah Page, dont le coloc était le guitariste de Patrick Watson.

Aujourd'hui, Andrew Barr et Meghan Clinton sont mariés et les Barr Brothers font partie de la «famille de musiciens du Mile End». «Pour moi, c'est comme si nous étions tous dans le même groupe», dit Andrew Barr.

Les Barr Brothers font partie de ces groupes anglophones trop peu connus du Québec francophone. Si le groupe a été invité sur le plateau de David Letterman, Pénélope McQuade a dû présenter Brad Barr aux téléspectateurs quand Elisapie l'a invité à chanter leur duo For Me.

Brad Barr ne s'en fait pas trop avec ce décalage ou ce paradoxe. «Ça m'est peut-être arrivé trois fois que quelqu'un m'arrête dans la rue pour me dire qu'il aime notre musique.»

Les Barr Brothers décrivent leurs compatriotes musiciens montréalais avec le mot «humilité». Ils en sont aussi l'incarnation. «Être ambitieux, mais pour les bonnes raisons.»

La création avant tout, donc. «C'est cool car on a plus besoin de partager le même lit en tournée», blague Andres Vial.