Après La condition pavillonnaire, qui flirtait avec le bovarysme, Sophie Divry revient avec un livre beaucoup plus éclaté, à la fois récit, roman, essai et autofiction.

On y fait la connaissance de Sophie, écrivaine en devenir et chômeuse. Comment survivre pendant deux semaines avec 40 euros en banque? C'est le point de départ de ce livre qui suit les méandres de cet esprit délirant, qui voyage entre un sac à métaphores et une nouvelle porno, des moments en famille d'une tendresse inouïe et une quasi-agression sexuelle violente dans sa banalité, une analyse du racisme ordinaire et des listes hilarantes - les tâches d'une serveuse, les attributs du mec lourd...

Avec ses néologismes, son graphisme dynamique, ses mises en abyme et ses conversations imaginaires, ce livre est fou, drôle et furieusement intelligent, mais c'est aussi le portrait d'une époque de grande détresse et de solitude, racontée sans fard, malgré les apparences.

Cette abondance de pistes donne cependant le tournis et peut nous laisser sur notre faim: c'est un défaut, mais il serait idiot de se priver d'autant de sources de réjouissance, de réflexion et d'émotion pour autant.

* * * 1/2

Quand le diable sortit de la salle de bain. Sophie Divry. Notabilia, 309 pages.