La venue de son fils avait comblé un vide immense. La maternité lui avait donné une identité. Mais Éloi a grandi et lorsqu'il quitte la maison pour aller étudier à Rimouski, elle perd tous ses repères. Sans compter que sa relation maritale s'étiole.

La rencontre d'un artiste-peintre ambitieux, à peine plus âgé que son fils et sans le sou, la remplit d'illusions. Sous prétexte de l'aider à lancer sa carrière, elle le loge chez elle, le nourrit et lui présente un ami galeriste. Antoine apprécie ses largesses, mais pas au point d'en faire son amante comme elle le souhaite. Sa motivation n'est pas tant une attirance sexuelle qu'un besoin de contrôle et une soif dévorante de se rendre indispensable. Antoine devient l'élu, mais il réussit finalement à s'extirper de cette relation tordue. Désespérée, elle accourt vers son fils, mais Éloi vole maintenant de ses propres ailes. Karine Geoffrion explore les désirs qui se cachent derrière l'adoration maternelle. Seul problème : elle ne réussit pas à éveiller notre compassion envers cette femme dont le besoin d'être indispensable est pathétique. Au mieux, on éprouve de la pitié envers l'héroïne de ce court roman.

Éloi et la mer, Karine Geoffrion, Sémaphore, 104 pages, ***