Trois fois dès l'aube est aussi le titre du livre qui avait circulé dans l'excellent Mr Gwyn, précédent roman de Baricco, mais ce recueil de trois courtes histoires qui prennent fin à l'aube après une nuit mouvementée peuvent être comprises sans l'avoir lu.

On y retrouve par ailleurs encore l'idée du double et du leurre: l'auteur italien érige le jeu littéraire en système avec ces trois rencontres furtives, où l'on retrouve deux personnages à des moments charnières de leur vie, mais où rien n'est expliqué et où tout est dans le dialogue en demi-teinte et en vérités cachées.

Avec ses phrases parfaites, il nous éblouit et nous mène en bateau, et atteint le sommet de son art dans la dernière histoire, rencontre entre une policière désabusée et un petit garçon qui vient de perdre ses parents dans un incendie.

Rythme, poésie, émotion, ambiance, tout est là. Et même si, au bout du compte, Baricco nous laisse légèrement sur notre faim avec l'impression que sa mécanique tourne un peu à vide, la dernière phrase justifie à elle seule le temps qu'on lui a accordé: «Elle pensait à la mystérieuse permanence de l'amour, dans le tourbillon incessant de la vie.»

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Trois fois dès l'aube. Alessandro Baricco. Traduit de l'italien par Lise Caillat. Gallimard, 126 pages.