«Je suis dans l'autocar de tournée à Cape Cod.» Pas de doute, la voix au bout du fil est celle de Lucinda Williams. Une voix de blues éraillée qui a du vécu.

En septembre dernier, Lucinda Williams a lancé Down Where The Spirit Meets The Bone. Un album double - son 11e en carrière - de 20 titres. «J'avais de récentes et de plus vieilles chansons. Quand ma mère est morte en 2004, je me suis mise à écrire beaucoup, raconte-t-elle. Pour l'album West [sorti en 2007], j'avais assez de titres pour faire un album double, mais mon ancien label, Lost Highway, n'était pas d'accord.»

Aujourd'hui, Lucinda Williams fait les choses à sa tête avec sa propre étiquette de disque, baptisée Highway 20, et «une grande liberté de création».

C'est un cliché pour les musiciens d'affirmer que l'écriture est thérapeutique, mais cela ne pourrait être plus vrai pour Lucinda Williams. Sa musique reflète sa vie intime. «Pour moi, c'est ce que l'art doit représenter. J'écris d'abord pour moi. La création, c'est l'expression de soi. Si je n'étais pas auteure-compositrice, je serais sans doute enfermée dans un hôpital psychiatrique! La musique me procure un grand soulagement. Je suis bénie d'avoir la musique.»

Deux deuils

«Je viens de perdre mon père, lance la chanteuse. Il souffrait d'alzheimer.»

Le poète Miller Williams est mort en janvier dernier, juste après que sa fille eut utilisé ses mots pour intituler son album Down Where The Spirit Meets The Bone.

Pour la première fois de sa carrière, Lucinda Williams a écrit une chanson, Compassion, à partir d'un poème de son père. «Mon mari et imprésario Tom [Overby] m'a encouragée à le faire, raconte-t-elle. J'ai enregistré récemment une autre chanson à partir d'un de ses poèmes, intitulé Dust. C'est sur le fait d'être si triste qu'on est incapable de pleurer.»

Compassion, pièce acoustique épurée sur la vertu de ressentir la souffrance des autres, a été ajoutée à la toute fin de l'enregistrement de Down Where The Spirit Meets The Bone. «Je l'ai enregistrée seule en pensant que nous allions ajouter des arrangements. J'étais en studio avec Tom et l'ingénieur de son. Quand ils m'ont entendue, ils ont dit: «Laissons l'enregistrement tel quel.» Nous avons décidé de la mettre au début de l'album et non à la fin pour briser les règles et la faire ressortir.»

Collaborations multiples

Sur la pièce It's Gonna Rain, Lucinda Williams chante en duo avec Jakob Dylan, fils de Bob et leader du groupe Wallflowers. «Le guitariste de The Wallflowers, Stuart Mathis, tourne avec nous, souligne-t-elle. It's Gonna Rain est une vieille chanson que j'ai écrite à Nashville.»

En studio, Lucinda Williams a «emprunté» à Elvis Costello le batteur Pete Thomas et le bassiste Davey Faragher. «Ils ont un trio qui s'appelle Jackshit et ils m'ont invitée à un spectacle où Jackson Browne faisait une apparition. J'ai fait quelques jams avec eux au fil des années. Ce sont de super musiciens. Je voulais avoir leur section rythmique sur certaines chansons de mon album.»

Lucinda Williams aime la fibre country-soul de son nouvel album. «Le son sale du Sud qui rappelle l'album Dusty in Memphis de Dusty Springfield», dit-elle.

À Montréal ce soir

Ce soir, Lucinda Williams interprétera pendant près de 150 minutes des titres de Down Where The Spirit Meets The Bone, mais aussi des classiques, dont les incontournables Drunken Angel et Lake Charles. «Les gens peuvent faire des demandes spéciales sur notre page Facebook», signale-t-elle.

«Mon groupe est juste, ma voix est en forme. C'est difficile de jouer dans des amphithéâtres où les gens sont assis. Avant, j'étais timide et je préférais les ambiances rock de bar. Mais maintenant, je parle davantage des chansons à la foule.»

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À la salle Wilfrid-Pelletier ce soir, 19h30, en programme triple avec The Mavericks et Justin Townes Earle.