Sa carrière est encore jeune, mais Layla Claire passe déjà son temps dans ses valises entre New York, Berlin et Vancouver. Étoile montante du monde lyrique, la soprano de Vancouver offre son premier vrai récital au Québec depuis ses débuts professionnels. On pourra l'entendre demain au Festival d'Orford.

Layla Claire fait partie de ces artistes dont le parcours semble placé sous une bonne étoile. Il y a quelques semaines, le Conseil des arts du Canada la nommait lauréate du prix Virginia-Parker, assorti d'une bourse de 25 000$. Un prix qui s'ajoute à une feuille de route déjà impressionnante et remplie de noms prestigieux.

Comme bien des artistes, Layla Claire a découvert la musique au sein d'une chorale.

« Très jeune, j'ai fait partie de choeurs d'enfants. Je chantais tout le temps et partout. Ça énervait mes quatre frères, qui me disaient d'arrêter! À 14 ans, la directrice de ma chorale m'a dit que j'avais une voix intéressante et que je devrais prendre des leçons. Je l'ai fait avec beaucoup de sérieux pour une adolescente. »

À l'époque, elle ne savait pas encore qu'elle était destinée au chant classique et rêvait d'imiter ses idoles du moment.

« J'admirais les chanteuses populaires canadiennes comme Sarah McLachlan ou Alanis Morissette et j'avais envie de faire comme elles, mais j'aimais aussi le théâtre. Quand j'ai découvert l'opéra, j'ai été ravie de savoir que l'on pouvait combiner la musique et le théâtre, et je me suis dit que c'était pour moi. »

Au moment de choisir un programme universitaire, elle a décidé de s'exiler à Montréal.

« Je voulais apprendre le français et on m'avait dit le plus grand bien de l'Université de Montréal. J'y ai passé six ans, où j'ai étudié avec Catherine Sévigny et Rosemarie Landry. »

Débuts

Les années suivant cet apprentissage ressemblent à un rêve. Elle est d'abord acceptée au prestigieux Curtis Institute of Music de Philadelphie, où elle fait une maîtrise spécialisée en opéra. En 2007, elle chante au festival de Tanglewood et rencontre le grand maestro James Levine, avec qui elle aura l'occasion de travailler souvent par la suite.

En effet, en 2009, elle est choisie pour participer au Lindemann Young Artist du Metropolitan Opera, un programme de formation dont le légendaire chef d'orchestre est directeur musical.

« La formation dure trois ans. La première année, on a des cours de chant, de diction, d'art dramatique et les deux autres, on nous donne des petits rôles dans des productions du Met. On chante aux côtés des plus grands et on participe à des classes de maître avec James Levine. »

Ces trois années sont maintenant derrière elle, mais la chanteuse est loin d'en avoir terminé avec la maison d'opéra new-yorkaise. « J'ai des contrats avec le Met dans l'avenir, mais je n'ai pas le droit de les révéler, car les prochaines saisons ne sont pas encore annoncées », dit-elle.

D'ici là, elle fera ses débuts au Canadian Opera Company, à Toronto, en Fiordiligi dans Così fan tutte. Elle sera aussi la Donna Anna de Don Giovanni au Festival d'opéra de Glyndebourne, en Angleterre, l'été prochain.

« Présentement, je suis tellement occupée que je n'ai pas de domicile, dit-elle. Je me promène entre New York pour voir Edith Bers, ma professeure, Berlin, où je reçois également du coaching, Vancouver pour visiter ma famille, et les autres villes où je chante. Mais je ne vais pas m'en plaindre, c'est mon rêve qui devient réalité! »

Layla Claire, le 14 juillet, 16h, Salle Gilles-Lefebvre, dans le cadre du Festival d'Orford.

Le Festival d'Orford propose une programmation très variée cette année. Bien que choisir seulement cinq concerts soit une tâche ardue, son directeur artistique nous présente ses incontournables.

La visite rare: Layla Claire en récital

« Déjà une vedette aux États-Unis, elle chante rarement au Canada, et elle est fabuleuse. C'est de la grande visite. »

14 juillet, 16h, salle Gilles-Lefebvre

Le grandiose: les trois concerts de l'Orchestre de l'Académie d'Orford

« Nous jouons trois symphonies de Tchaïkovski, la 4e, la 5e et la 6e, dans des programmes complétés par des concertos avec trois jeunes solistes: le pianiste Jan Lisiecki, le violoniste Timothy Chooi et le violoncelliste Stéphane Tétrault. »

3 août, 20h, 11 et 18 août, 16h, salle Gilles-Lefebvre

L'intime: le Nouveau Quatuor Orford

« Ce quatuor est formé de musiciens incroyables. Ils incarnent la nouvelle façon de faire de la musique de chambre. »

26 juillet, 20h, salle Gilles-Lefebvre

Jazz: les Rois du be-bop

« Alain Caron vient de gagner le prix Oscar-Peterson. Je pense que les gens qui viendront l'entendre, en compagnie notamment de Rémi Bolduc, vont adorer leur soirée. »

Samedi 10 août, 20h, salle Gilles-Lefebvre

Le piano à l'honneur

« Cette année, Six pianos Orford présente une transcription du Sacre du printemps de Stravinski. Avec six pianos, ce sera intéressant de recréer les multiples niveaux d'écoute. »

2 août, 20h, salle Gilles-Lefebvre