Après le béton, place à la création. La longue rencontre, ce lundi à la Tohu, des forces vives de l'économie, de la politique et de la culture montréalaises, a donné lieu à un foisonnement d'annonces et d'idées, dans un réel désir commun de se dépasser, notamment pour faire rayonner nos artistes sur les scènes du monde entier.

Si, en 2007, la réunion dont avait découlé le Plan d'action 2007-2017, Montréal, métropole culturelle, était née d'une urgence de pousser la ville sur les saines voies du développement culturel, force est de constater que, cinq ans plus tard, les milieux artistique, politique et économique font montre de plus d'assurance et d'optimisme.

En une journée de débats, bien des choses concrètes ont vu le jour, s'est réjoui Simon Brault, grand manitou de Culture Montréal et concepteur ô combien louangé de cet exercice consensuel.

D'abord, la première ministre Pauline Marois est venue annoncer aux 900 participants que plus de 100 millions seront investis par le gouvernement provincial dans la métropole afin de mieux desservir le réseau des bibliothèques, pour favoriser l'art public, créer plus d'espaces de production et de travail pour les artistes et aussi pour stimuler la philanthropie culturelle avec des mesures fiscales incitatives.

Malgré la présence du ministre du Patrimoine canadien, James Moore, et le sénateur conservateur Claude Carignan, le gouvernement conservateur n'a véritablement rien annoncé de concret tout en précisant les investissements passés et louant la santé culturelle de Montréal.

«Je suis un peu jaloux de ce que vous faites ici à Montréal, car c'est un modèle pour le Canada, a dit James Moore, originaire de Vancouver. On ne voit pas ça à Calgary, Toronto ou Vancouver.»

Du coup, c'est du président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, qu'est venue la demande au gouvernement Harper de s'engager à reconstruire le pont Champlain selon des critères de design et de qualité internationaux.

Comme le souhaite aussi le collectionneur et homme d'affaires Alexandre Taillefer, M. Leblanc a demandé à la Ville de déménager la sculpture de Calder au centre-ville et d'accroître le nombre d'oeuvres dans les espaces publics.

Sébastien Nasra, de M pour Montréal, a annoncé son intention de créer, en novembre 2013, un festival multidisciplinaire intitulé Hub Montréal, dans le même esprit que l'idée lancée par Gilbert Rozon de réunir une masse critique d'événements culturels en un même temps de l'année.

Quelques suggestions ont été faites pour améliorer le financement des organismes culturels. Le Conseil des arts a créé le Forum Arts Affaires et Nathalie Courville a annoncé le lancement d'une plateforme participative, Boumchicaboum.

L'entente intervenue entre un gros propriétaire torontois, Allied Properties, et des ateliers d'artistes du Mile-End, chapeautée par l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, a été longuement évoquée comme un modèle à suivre.

«Un quartier sans créateurs, ce n'est pas un quartier culturel, c'est un Dix-30», a lancé Élaine Ayotte, responsable de la Culture à la Ville, fort impressionnée par l'entente avec Allied Properties. «Voilà un homme d'affaires qui nous dit que c'est payant de s'occuper des artistes», a-t-elle dit.

Enfin, pour mieux diffuser la culture dans les quartiers, plusieurs ont ciblé le rôle des écoles. D'autres ont plaidé qu'il faudra plus tirer profit de la diversité ethnique de Montréal.

«Cette réunion est un rayon de soleil, a dit Jean-François Lisée, le nouveau ministre responsable de la métropole. Merci à vous tous de nous montrer le chemin.»