Résistance au changement, conflits de personnalité et problèmes de communications : plus de trois ans après l'arrivée de Christian Paire à sa tête, le CHUM est toujours le nid à chicanes qu'il a toujours été. Et le patron controversé s'est fait administrer publiquement une baisse de salaire importante.

Après deux jours d'une commission parlementaire inusitée - on appelle rarement les dirigeants d'établissements à venir défendre leur gestion -, Christian Paire a défendu avec vigueur sa gestion, critiquée sans ménagement de l'interne par le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens.

D'entrée de jeu, hier, le ministre de la Santé, Réjean Hébert, a relevé qu'une prime de 101 000 $ par année, qui porte le salaire du directeur général à 430 000 $, n'était pas justifiée vu que cet établissement n'est pas plus difficile à gérer que d'autres hôpitaux universitaires qui sont d'ailleurs plus performants que le CHUM.

«J'aurai une réflexion à faire»

« C'est au gouvernement de définir les règles de rémunération. J'aurai une réflexion à faire, mais ma décision ne sera pas principalement prise en fonction de cet élément. J'ai un projet extraordinaire [le nouvel hôpital] «, a répliqué M. Paire en fin de soirée, hier. Devant la commission, il a expliqué qu'il avait posé d'emblée ce traitement de 430 000 $ comme une condition de sa venue au Québec. En France, un directeur d'hôpital a un très vaste appartement de fonction, et il dispose aussi d'une auto et d'un chauffeur. Le choix du DG du CHUM (un projet de 2 milliards avec 12 000 employés) s'est fait au terme d'une entrevue d'une demi-journée. Une autre prime de M. Paire de 80 000 $, accordée pour une tâche d'enseignement par l'Université de Montréal, a été interrompue. M. Paire a traîné l'UdeM en cour à ce sujet. Il a souligné qu'il y a enseigné, bien que peu d'heures, et que son cours portait sur la résolution des conflits, faisant rire l'auditoire.

Une lettre «mensongère»

C'est surtout le litige soulevé en début d'année avec le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens du CHUM qui a mis le feu aux poudres. Le Dr Paul Perrotte, porte-parole des 800 médecins, avait en janvier diffusé une lettre critique à l'endroit du directeur général, relevant le trop grand nombre de cadres, la distance entre la direction et la base ainsi que les problèmes de communications. Outré par une lettre « mensongère « et par ce manque de courtoisie, M. Paire avait dès lors refusé de participer aux réunions du CMDP, y déléguant son adjoint. Médecin à Saint-Luc, le député Amir Khadir s'est porté garant des intentions de son collègue Perrotte, qui s'était présenté la veille en commission parlementaire. « Il y a des tensions, c'est indéniable. Je réponds à des procédés qui ne correspondent pas aux règles d'éthique, mais je ne dirai pas qu'il y a conspiration «, a résumé M. Paire hier soir.

Québec n'a pas digéré l'embauche de 65 cadres supérieurs, sur un total de 100, des nominations qui n'ont pas obtenu l'aval préalable du ministère de la Santé, tel que prévu dans les règles. Pour M. Hébert, ces embauches sont survenues après l'arrivée en poste du nouveau patron, qui arrivait de France. Malgré tout, M. Paire a par la suite laissé entendre qu'il n'était pas responsable de toutes ces nominations pourvues avant son arrivée.

Pugnace, il a eu des échanges tendus avec la députée péquiste de Sainte-Rose, Suzanne Proulx, qui faisait écho aux récriminations du ministre Hébert. Tant le PQ que la CAQ ont relevé l'embauche d'une connaissance de longue date, Philippe Massat, comme consultant, un contrat sans appel d'offres qui a atteint 200 000 $.