L'Académie des arts et des sciences du cinéma a récompensé les quatre Québécois pour leur contribution à la conception d'un logiciel d'animation révolutionnaire.

Le travail de Robert Lanciault, André Gauthier, Benoît Sévigny et Yves Boudreault a été souligné lors de la remise des Oscars techniques et scientifiques, le 15 février dernier, au chic Beverly Hills Hotel. «On peut véritablement parler d'Oscars pour les geeks», affirme André Gauthier, le porte-parole du groupe.

Ces prix scientifiques et techniques jouissent d'une grande notoriété dans le milieu des effets spéciaux et de l'animation. «C'est un honneur pour nous. Nous sommes très touchés. Eh oui, on s'empresse d'ajouter l'expression «Academy Award winner» à notre C.V.»

L'Académie remet chaque année trois sortes de prix: des certificats, des plaques et quelques précieuses statuettes. Le groupe a remporté une plaque. «Le choix du prix se fait en fonction de la durée, dans le temps, de l'innovation. Comme l'animation 3D est encore relativement jeune, nous avons reçu une plaque», précise celui qui dirige aujourd'hui la succursale montréalaise d'Unity Technologies.

Parti de rien, le groupe a mis au point au milieu des années 90 FiLMBOX, un logiciel pour l'animation et le contrôle de mouvement (motion control). «Je venais de fonder une petite entreprise (Kaydara) avec des collègues, se souvient André Gauthier. Yves était un ami, Robert était étudiant et Benoît était mon colocataire. Nous avions de bonnes idées, nous étions motivés et les journées étaient très longues!»

La consécration avec The Matrix

Puis la consécration est arrivée en 1999, avec le film The Matrix. C'est à FiLMBOX que l'on doit les - désormais célèbres - prises de vues au ralenti, alors que la caméra semble se déplacer à une vitesse normale.

FiLMBOX, tout comme Kaydara, fut ensuite acheté par l'entreprise Alias, qui à son tour fut avalée par la boîte Autodesk. Le logiciel est aujourd'hui commercialisé sous le nom de MotionBuilder. Le programme est désormais un outil de pointe, entre autres dans le traitement et le contrôle d'animations 3D en temps réel.

Pourquoi l'Académie a-t-elle attendu si longtemps avant de souligner la contribution des quatre programmeurs? «Le produit est maintenant un standard dans l'industrie. Et de grands réalisateurs ont aidé à la notoriété du logiciel. C'est grâce à MotionBuilder que James Cameron a pu voir les personnages animés d'Avatar directement dans sa caméra, simplement en filmant ses acteurs sur un écran vert. Nous sommes vraiment très fiers du chemin parcouru par le logiciel depuis sa création!»

D'autres Québécois récompensés

Soulignons aussi l'Oscar remporté par The Lady in Number 6, dans la catégorie du meilleur court métrage documentaire. L'équipe derrière cette oeuvre compte dans ses rangs plusieurs Montréalais, dont le réalisateur Malcolm Clarke et le producteur Frederic Bohbot.

Le film Dallas Buyers Club, de Jean-Marc Vallée, a raflé trois statuettes pour le meilleur acteur, le meilleur acteur de soutien et les meilleurs maquillages et coiffures.

Et Chris Lawrence, un Britannique établi à Montréal depuis 14 mois, fait partie de l'équipe qui a remporté le prix des meilleurs effets visuels pour Gravity.