Grâce à son organisme, l'Inter-Cultural Women's Educational Network (IWEN), cette Gaspésienne d'origine a sauvé 448 Népalaises de la pauvreté et de l'esclavage. Michelle Bonneau est notre Personnalité de la semaine.

Michelle Bonneau, 66 ans, avoue n'avoir jamais fait les choses à moitié. Au tournant des années 2000, la religieuse et enseignante a pris une année sabbatique pour voyager. Europe, Afrique du Sud, Inde, Australie... La dame à l'énergie inépuisable s'est arrêtée un peu partout. C'est au Népal qu'elle est restée le plus longtemps. Trente jours qui changeront sa vie.

Dans ce petit pays coincé entre le Tibet et l'Inde, Michelle Bonneau a été touchée par le triste sort réservé aux Népalaises. Plus particulièrement aux femmes tharu, une minorité ethnique souvent opprimée, et vouée à la pauvreté et à l'esclavage.

De retour au Canada, Michelle Bonneau n'avait qu'une seule envie: retourner au Népal.

«C'était plus fort que moi. Je savais que c'était de la folie, mais il fallait que je le fasse.»

La dame, alors âgée de 57 ans, a vendu son condo et sa voiture. Elle a démissionné de son emploi et a quitté sa communauté religieuse, sans pour autant quitter Dieu. «On a une relation forte, mais complexe, lui et moi. On a seulement changé l'arrangement qu'il y avait entre nous», dit-elle.

Direction Katmandou, au Népal. Sans expérience dans l'aide humanitaire, Michelle Bonneau a repris les rênes d'une organisation qui allait fermer ses portes. Elle en a changé le nom pour l'IWEN, et s'est donné comme mission d'instruire les femmes, principalement les Tharu, afin de les sortir de la misère.

Dans ce pays, le système de servitude pour dettes (Kamaiya) a transformé plusieurs femmes en esclaves que l'on pouvait marchander. Des jeunes filles étaient souvent vendues par leur famille à des «employeurs», en échange d'un petit montant d'argent. Ces filles devenaient alors des Kamalari.

En 2006, la Cour suprême a ordonné au gouvernement du Népal de renforcer les lois interdisant l'exploitation des enfants. Un décret officiel a ensuite interdit l'emploi de Kamalari. «Mais le gouvernement n'a rien mis en place pour aider ces jeunes femmes qui retournaient dans leurs familles dans des conditions d'extrême pauvreté.»

Construire des écoles

Michelle Bonneau et ses collaborateurs ont construit des écoles afin d'éduquer ces femmes. L'IWEN leur offre un programme scolaire «de la première à la douzième année». L'organisme a aussi mis en place un système de microcrédit. «Nous leur prêtons de petites sommes, à un taux d'intérêt ridicule, pour les aider à lancer des projets.»

L'IWEN fournit aussi des vélos aux jeunes filles, ce qui leur permet d'accomplir leurs tâches domestiques à la maison, de se rendre à l'école et de revenir à temps pour la préparation du repas du soir. Un horaire impossible à respecter sans vélo.

«Quand je suis arrivée au pays, aucune femme n'avait le droit de me regarder dans les yeux. Aujourd'hui, elles construisent des maisons, elles cultivent la terre. Et surtout, elles s'entraident. Si l'une d'entre elles se fait frapper par son mari, ce sont toutes les femmes du village qui débarquent chez l'homme. Et laissez-moi vous dire qu'il passe un mauvais quart d'heure!»