Grâce à sa troisième place à la descente de Bormio, le 28 décembre en Italie, le skieur de Mont-Tremblant est monté sur un podium de la Coupe du monde pour la 21e fois de sa carrière. Il a ainsi surpassé Steve Podborski, skieur légendaire de l'époque des Crazy Canucks, au sommet du palmarès canadien de tous les temps. Erik Guay est notre personnalité de la semaine.

Erik Guay est comme tout le monde. Mettre le nez dehors lorsque le thermomètre descend à -30 °C ne lui fait pas envie. Le mercure oscillait néanmoins autour des - 20 °C lorsqu'il a renfilé les skis pour un entraînement à Mont-Tremblant, en pleine vague de froid, le 4 janvier. Le skieur québécois vit une période faste et ne veut pas que ça s'arrête.

«Ça m'a fait du bien de retourner à la maison, de passer du temps avec ma femme et mes enfants, mais là, j'ai vraiment hâte de retourner en Europe et de recommencer », a-t-il lancé avant son départ, il y a quelques jours.

Le ski alpin masculin était moribond au Canada quand Erik Guay est arrivé comme un météorite le 29 novembre 2003. À 22 ans et à son 20e départ en Coupe du monde, il a fini deuxième de la descente de Lake Louise. Le lendemain, il prenait le sixième rang du super-G. Une étoile était née.

Trois semaines plus tard, le jeune homme de Tremblant se déchirait un genou lors d'une chute en entraînement de descente à Val Gardena. Cet accident a marqué le début d'une carrière partagée entre des moments de gloire et des périodes plus noires au cours desquelles le skieur a dû composer avec des genoux et un dos récalcitrants.

Guay a mis trois ans avant de retrouver le podium, à Beaver Creek, au Colorado. Une tempête de neige battait son plein, rendant la visibilité difficile. Certains concurrents souhaitaient un report de la course. Le Québécois y a vu une chance. Sa deuxième place a été la confirmation de son talent et de son sang-froid.

Un impressionnant palmarès

En une décennie, Guay s'est bâti un palmarès qui ferait l'envie de bien des skieurs de l'Autriche ou de la Suisse, où le ski alpin est roi : 21 podiums en Coupe du monde, dont 4 victoires, un Globe de cristal remis au meilleur spécialiste du super-G de la saison 2010, et une médaille d'or en descente, la discipline reine, lors des Championnats du monde de Garmisch-Partenkirchen, en février 2011.

L'hiver dernier, Guay s'est approché à un podium du record de Steve Podborski lorsqu'il s'est classé deuxième de la descente de Kitzbühel, le rendez-vous ultime de tout descendeur. Cela ne semblait être qu'une question de temps avant que la marque de l'ex-Crazy Canuck ne tombe. Mais un (autre) problème à un genou est venu bousiller sa fin de saison.

La blessure a mal guéri et il a dû se faire opérer, ratant du coup toute la période estivale d'entraînement sur neige, une première pour lui en 12 ans de carrière. Il est retourné sur les planches le 1er novembre, à quelques semaines du lancement de la saison à Lake Louise. Un peu «craintif », mais affamé comme jamais : «Je n'ai pas eu de misère à me remettre dans le coup. Ça m'a surpris un peu. En même temps, j'étais hyper motivé parce que j'avais tellement manqué de journées de ski.»

Le mois suivant , il s'est imposé de brillante façon à la descente de Val Gardena, un autre lieu mythique du ski alpin, avant d'effacer le record de Podborski à Bormio.

Une seule récompense lui échappe toujours : une médaille olympique. Il l'a ratée par quelques centièmes à Turin (4e) et à Vancouver (5e deux fois). Il fait tout son possible pour réussir le mois prochain aux JO de Sotchi.

À 32 ans, Erik Guay sent qu'il n'a pas encore atteint le faîte de sa carrière. «Si je reste en santé, dit-il, je vais compléter un autre cycle olympique, c'est sûr.»