Un nouveau test de dépistage du cancer du poumon pourrait éviter à des milliers de Québécois une biopsie invasive. Le test sanguin a été mis au point par une société américaine et Caprion, une PME de Montréal. Martin LeBlanc, PDG de Caprion, est notre Personnalité de la semaine.

Mis au point en collaboration avec Integrated Diagnostics, une société de Seattle, ce nouveau test sanguin permet d'évaluer si un nodule pulmonaire est bénin ou malin.

«Notre test s'avère très pratique dans ce que j'appelle la zone grise des nodules, ceux qui font entre 0,8 et 2 cm. Dans cette fourchette de tailles, près de 69 % des nodules sont bénins», précise Martin LeBlanc, président et directeur général de Caprion.

En se basant sur des données américaines, Martin LeBlanc estime que 15 000 Québécois subiraient annuellement une biopsie inutile du poumon. « Et cette procédure est invasive et douloureuse, contrairement à un test sanguin », souligne-t-il.

La nouvelle solution de Caprion cible 13 protéines affectées par la présence du cancer du poumon. Le nombre de ces biomarqueurs augmente ou diminue en présence de la tumeur.

Le test sera lancé aux États-Unis dans deux semaines. « Pour le Canada, les négociations avancent bien avec Integrated Diagnostics, note Martin LeBlanc. Des études devront être réalisées et il faudra que Santé Canada approuve le tout. La commercialisation canadienne devrait débuter d'ici un an, un an et demi. »

Le PDG et son équipe travaillent sur ce projet depuis 2009. Au départ, près de 400 protéines différentes étaient identifiées comme potentiellement intéressantes. « Ce fut un très long processus, c'est vrai, mais l'excellente collaboration entre nos deux sociétés a grandement simplifié les choses », ajoute le PDG.

Protéomique et entrepreneuriat

En l'écoutant parler, on pourrait facilement croire que Martin LeBlanc est un scientifique. « Pas du tout. Mais après 18 années passées à travailler dans le domaine, j'en suis presque devenu un par la force des choses. Je pense que je pourrais me qualifier sans problème pour un diplôme honorifique en médecine ou en sciences », lance-t-il à la blague.

L'entrepreneur est titulaire d'un baccalauréat en économie de l'Université de Moncton et d'une maîtrise en économie et sciences politiques de l'Université d'Oxford, au Royaume-Uni. L'Acadien d'origine a commencé dans le domaine en lançant une petite entreprise, Advanced Bioconcept, en 1996, avec des amis. Cette dernière a rapidement connu du succès et a été rachetée deux ans plus tard. Intéressés par le secteur de la protéomique, la science qui étudie et analyse l'ensemble des protéines d'un organisme ou de ses tissus, les associés ont ensuite fondé Caprion, en 2000.

L'entreprise, qui compte maintenant 85 employés, est un des chefs de file en découverte de biomarqueurs protéomiques. Relativement jeune, cette discipline s'avère fort prometteuse dans le dépistage des cancers et autres maladies. « Je crois que le développement de tests de dépistage est l'application la plus naturelle de la protéomique. »

L'entreprise travaille présentement sur d'autres solutions du même genre, en collaboration avec de grandes sociétés pharmaceutiques. « Le prochain test à voir le jour sera probablement celui pour la tuberculose », avance Martin LeBlanc.