Après des années d'efforts, le premier appareil de la CSeries a finalement pris son envol, lundi dernier. Pierre Beaudoin, président et chef de la direction de Bombardier, est notre Personnalité de la semaine.

C'est à 9h54, lundi dernier, que le premier avion de la CSeries a décollé de l'aéroport de Mirabel, devant près de 3000 invités, dont des fournisseurs, des clients et de nombreux employés. «Ce fut une très belle journée, un moment fort empreint d'émotions, avoue Pierre Beaudoin, président et chef de la direction de Bombardier. J'ai ressenti une très grande fierté en voyant l'appareil décoller, mais j'étais surtout très heureux de pouvoir partager ce moment historique avec nos employés. Plusieurs étaient sur place, et les autres nous suivaient en direct, un peu partout à travers le monde.»

Ce vol inaugural, d'une durée de deux heures et demie, est venu couronner près de 10 ans de travail et a mis fin à des mois d'attente. Initialement prévu pour la fin de 2012, puis reporté plusieurs fois, ce baptême de l'air était très attendu. «Il n'y a jamais eu de découragement, par contre. Reporter un vol est une chose à laquelle on peut s'attendre quand on développe un nouvel appareil. La CSeries n'est pas notre premier avion. Nous sommes déjà passés par là plusieurs fois et on savait que ça pouvait arriver. Maintenant que le premier vol est derrière nous, on peut se concentrer sur l'avenir», souligne Pierre Beaudoin.

Le vol de lundi dernier a aussi permis à Bombardier d'évaluer la consommation de kérosène du nouvel avion. «La CSeries consomme 20% moins de carburant que les autres appareils de taille semblable, en plus d'être très silencieuse, ajoute M. Beaudoin. Et elle pèse 12 000 livres de moins qu'un appareil similaire.»

Plusieurs tests seront effectués dans les 12 prochains mois. «Cinq appareils SC100 (110 places), deux SC300 (135 places) et un huitième avion en configuration de production serviront à étudier le comportement de l'appareil, une tâche colossale, avoue Pierre Beaudoin. Ce sont 1000 personnes qui travaillent à notre centre d'essais.»

Le troisième avionneur civil au monde a investi jusqu'à maintenant quelque 3,4 milliards de dollars dans la CSeries. Bombardier a, pour l'instant, 177 commandes fermes et vise les 300 avant le début de ses livraisons, toujours prévues pour la fin de 2014. Pierre Beaudoin aimerait pouvoir fabriquer environ 120 appareils par année.

Le président et chef de la direction désire s'emparer de la moitié du marché dans le créneau des appareils de 100 à 150 places. «C'est un objectif ambitieux, mais réaliste, comme on en a l'habitude chez Bombardier, affirme-t-il. Les analystes estiment à 7000 la demande pour ce type d'avion, et ce, pour les 20 prochaines années. On est les seuls à arriver avec un nouvel appareil. Certains vont rééquiper leurs anciens modèles avec de nouveaux moteurs, mais ils n'arriveront jamais à faire du neuf avec du vieux.»

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