Avec leur premier pôle de services, les trois hommes offrent aux sans-abri bien plus qu'un meilleur accès à des soins de santé. Damien Silès, Robert Beaudry et Fabrice Salomé combattent l'itinérance avec des projets novateurs. Ils sont nos Personnalités de la semaine.

C'est à cet énergique trio que l'on doit le premier pôle de services en itinérance au centre-ville. Les trois hommes forment l'équipe de la Société de développement social de Ville-Marie (SDSVM). Cet organisme est le «premier courtier en valeurs sociales».

«Nous agissons vraiment comme un courtier, un intermédiaire, explique Damien Silès, le directeur général de la SDSVM. Nous mobilisons les gens d'affaires et les milieux médical, social et culturel. Nous créons des liens entre les différents organismes afin qu'ils travaillent tous ensemble plus efficacement.»

Depuis décembre dernier, les sans-abri qui fréquentent la station de métro Place-des-Arts peuvent rapidement avoir accès à des consultations médicales, psychiatriques ou sociales. Des intervenants sont présents dans la station de métro et dirigent les itinérants vers la Mission St-Michael, située tout juste à côté.

Grâce aux conseils et à l'appui de la SDSVM, cette «Mission au toit rouge», tout près de l'avenue Président-Kennedy, a été «optimisée». Ses heures d'ouverture ont été bonifiées et on y trouve maintenant une salle de consultation où les divers spécialistes se succèdent au fil des jours. Et des activités d'art-thérapie sont même proposées aux itinérants.

En créant des liens entre les différents partenaires, les trois hommes ont ainsi multiplié les services offerts tout en réduisant les délais d'attente. «Des sans-abri aux prises avec des problèmes de santé mentale ne peuvent pas rester assis dans une salle d'urgence pendant six heures», ajoute M. Silès.

Pour ce pôle de services, ce sont la STM, Médecins du monde, le CSSS Jeanne-Mance, l'arrondissement de Ville-Marie, le poste de police 50, la Mission St-Michael, l'organisme Chez Doris, Projet Autochtone du Québec, le YMCA centre-ville (Dialogue), la clinique psychiatrique mobile du CHUM et même l'Université Laval qui travaillent main dans la main.

Un groupe de recherche de l'Université Laval quantifie toutes les interactions découlant de l'opération. «Pour nous, ce volet est primordial. Les dernières données sur l'itinérance datent de 1997. Avec une quantification récente, nous serons en mesure d'aller cogner aux portes des différents gouvernements et de formuler des demandes précises», souligne Damien Silès.

De son côté, la SDSVM a fait, elle aussi, son premier bilan pour le pôle de services. Depuis décembre dernier, plus de 130 sans-abri ont consulté un spécialiste et 200 interventions ont été réalisées à la station de métro Place-des-Arts.

Dès l'automne prochain, le programme sera étendu à quatre nouvelles stations (McGill, Berri-UQAM, Atwater et Bonaventure). Deux intervenants supplémentaires visiteront ces dernières afin d'inviter les itinérants à utiliser les ressources mises en place.

Damien Silès, Robert Beaudry et Fabrice Salomé ont aussi lancé d'autres initiatives qui récoltent du succès. Ils s'affairent, entre autres, à dénicher du boulot aux sans-abri. «Nous avons trois ex-itinérants qui travaillent présentement pour les FrancoFolies et bientôt pour le Festival de jazz, affirme-t-il. L'année dernière, nous avons trouvé plus de 27 000 heures de travail rémunérées pour les sans-abri.»