L'installation 21 balançoires est de retour dans le Quartier des spectacles. L'oeuvre interactive et musicale permet aux passants de s'unir pour créer une mélodie unique. Derrière ce projet, maintes fois primé, se cachent deux artistes québécoises, Mouna Andraos et Melissa Mongiat. Les deux jeunes femmes viennent d'ailleurs de remporter le concours d'art public pour le nouveau Planétarium Rio Tinto Alcan. Avec l'ouverture d'un bureau à New York et un nouveau contrat au Minnesota, les deux Montréalaises se préparent tranquillement à prendre la planète d'assaut.

Pour la troisième année consécutive, les gens pourront se balancer sur la Promenade des artistes tout en composant une symphonie originale. L'installation 21 balançoires, d'une superficie de 30 000 pi2, est une création du studio Daily tous les jours, fondé par Mouna Andraos et Melissa Mongiat, en 2010.

Si la musique produite par ces balançoires est éphémère, l'installation ne l'est pas, ce qui oblige ses créatrices à poser un regard critique sur leur oeuvre chaque printemps. «Il y a des bons et des mauvais côtés à notre forme d'art, avoue Melissa Mongiat. On peut prendre un certain recul, une fois le projet démonté.»

«Oui, il est vrai qu'on remet en question l'installation chaque saison, mais on a aussi la chance de la peaufiner d'année en année, de l'améliorer. Nos oeuvres sont comme nous, elles évoluent», précise Mouna Andraos, titulaire d'une maîtrise en design interactif de l'Université de New York.

Distinctions

Les deux associées ont récemment remporté deux prix pour ce projet au concours international Interaction Awards, à Toronto. Et l'animatrice Oprah Winfrey a présenté les balançoires à ses téléspectateurs lors de l'émission Super Soul Sunday Show, le 10 mars dernier.

Les deux jeunes femmes sont déjà lauréates de la bourse Phyllis-Lambert Design Montréal et de plusieurs autres prix internationaux, dont un SXSW Web Award des États-Unis, un Cyber Lion de Cannes et un British Interactive Media Award. Les deux designers interactives sont les premières surprises par leur parcours. «Tout s'est passé très vite, mais, pour nous, les deux dernières années nous ont paru comme dix ans», souligne Melissa Mongiat, diplômée du réputé Saint Martin's College de Londres.

Les installations de Melissa Mongiat et de Mouna Andraos permettent aux citoyens de s'approprier les espaces publics avec humour, intelligence et poésie. «Les balançoires, comme la plupart de nos projets, invitent les gens à prendre conscience de leur environnement, les encouragent à s'unir pour créer et à faire connaissance», expliquent les deux artistes, l'une finissant les phrases de l'autre.

Toutes ces notions seront aussi présentes dans leurs Chorégraphies pour humains et étoiles, leur nouvelle création qui sera aménagée à l'entrée du Planétarium Rio Tinto Alcan en 2014. Toujours en gestation, le projet permettra aux visiteurs de prendre la place des étoiles ou des planètes et d'en actionner le mouvement, en exécutant eux-mêmes des chorégraphies. Ce sera la première oeuvre numérique interactive installée en permanence à Montréal. Les deux associées travaillent, pour la première fois, avec l'hiver comme contrainte.

Une carrière internationale

Les deux conceptrices viennent d'ouvrir un petit bureau à New York. Loin d'être une nécessité pour l'instant, cette nouvelle adresse vise plutôt à accroître leurs contacts et à tâter le pouls des États-Unis, où elles ont déjà travaillé. «C'est un beau défi, New York, ajoute Mouna Andraos, et c'est une expérience de plus. Il faut penser aussi à élargir nos horizons.»

Melissa Mongiat et Mouna Andraos viennent d'ailleurs d'obtenir un contrat pour un projet dans une gare ferroviaire à Saint Paul, au Minnesota. Inspirées par les rencontres, les départs, les arrivées, et la longue tradition radiophonique de l'État américain, elles installeront des caméras qui capteront des événements quotidiens qui seront ensuite racontés sous forme d'histoires.

Malgré une carrière internationale, les deux jeunes visionnaires se font rassurantes: elles ne quitteront jamais la métropole. «On a ici une expertise incroyable et une longue tradition numérique. Et Montréal est bon pour nous», souligne Mouna Andraos.