La diaspora vénézuélienne à Montréal est inquiète. L'avenir et la stabilité politique de leur pays sont incertains, et plusieurs Vénézuéliens craignent que la division entre les pro-Chavez et l'opposition qui réclame des réformes intensifie l'insécurité et la violence au pays.

«C'est un sujet qui est très délicat au sein de la communauté vénézuélienne. On essaie d'éviter ce sujet entre nous, car on peut avoir de mauvaises surprises en apprenant que l'un ou l'autre est pro-Chavez ou contre Chavez», explique la présidente fondatrice de l'association Amitiés Québec-Venezuela, Mayra Parra.

Si le gouvernement vénézuélien respecte la Constitution, des élections devraient être déclenchées sous peu. Toutefois, ils sont plusieurs à croire que le vice-président actuel, Nicolas Maduro, fera tout pour que sa formation politique demeure au pouvoir.

«C'est sûr que Maduro a un plan. Il trouvera quelque chose pour ne pas laisser le pouvoir. Mais les Vénézuéliens doivent sortir dans les rues et réclamer que la Constitution soit respectée», dit Maria José Barela, qui était journaliste pour une station de radio de Caracas jusqu'en 2007, année où elle a fui son pays, car elle craignait pour la sécurité de sa famille. Elle travaille aujourd'hui comme gérante au Village des Valeurs.

Cependant, tous ne partagent pas son sentiment de révolte.

«C'est une journée difficile. J'étais attachée au président Chavez. J'habite Montréal depuis 11 ans, mais je garde de beaux souvenirs d'Hugo Chavez. Il aimait les plus pauvres, il a fait beaucoup pour eux», souligne Ivania Ibarra, secrétaire, qui était réticente à parler à La Presse, consciente que beaucoup de personnes dans sa communauté n'aimaient pas le président défunt.

Selon le sociologue Justiniano Vasquez, qui a quitté le Venezuela il y a 10 ans après une carrière en politique active, le pays changera au cours des prochaines années. La population était divisée, dit-il, mais elle aimait Hugo Chavez plus que ses mesures.

«Les Vénézuéliens aimaient le leader, le personnage. Mais pas nécessairement le parti et les politiques qu'il avançait. Ça prendra du temps, mais lentement, ça va changer», croit l'homme, aujourd'hui travailleur autonome à Montréal.