Alors que l'escouade Éclipse de la police de Montréal (SPVM), spécialisée dans la prévention du crime dans les bars, est sous respirateur artificiel, des voix commencent à s'élever pour tenter de la sauver.

En réaction à un article sur l'avenir incertain de la brigade paru dans La Presse entre Noël et le jour de l'An, le maire de l'arrondissement de Lachine et vice-président de la Fédération canadienne des municipalités, Claude Dauphin, a annoncé qu'il fera tout en son pouvoir pour que le gouvernement conservateur renouvelle la subvention grâce à laquelle l'escouade a vu le jour en mars 2008.

Cette année-là, Ottawa a accordé une subvention de 400 millions de dollars en cinq ans pour ajouter 1000 policiers dans les rues des principales villes canadiennes. Avec les 37,5 millions qui lui ont été alloués, le SPVM, alors aux prises avec une vague de meurtres liés aux gangs de rue, a créé la brigade Éclipse, dont les 45 policiers visitent les quelque 3000 bars et cafés de Montréal pour prévenir les actes de violence et enquêter sur les groupes criminels.

Or, le 31 octobre, le ministre fédéral de la Sécurité publique, Vic Toews, a annoncé que la subvention ne serait pas renouvelée après son terme de cinq ans. Le SPVM, qui a déjà de la difficulté à boucler son budget, devrait donc trouver 8 millions par année pour conserver l'escouade, sans quoi elle disparaîtra en mars prochain.

«Il faut garder Éclipse, qui joue un rôle fondamental à Montréal, dit M. Dauphin. Avec les représentants des autres grandes villes canadiennes, nous allons écrire au ministre et demander une rencontre. De 80 à 90% des interventions des policiers d'Éclipse concernent des infractions de juridiction fédérale. Ce n'est pas aux petits contribuables de Montréal de payer pour ça.»

Un outil essentiel

«Éclipse est un outil essentiel pour contrer la violence urbaine, et cette subvention est primordiale», renchérit le président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur. Il entend lui-même écrire à tous les députés fédéraux de la métropole, y compris au chef de l'opposition officielle, Thomas Mulcair, dans l'espoir de faire reculer le gouvernement conservateur. «Les bars sont propices à la traite des personnes. Depuis quelques mois, les policiers d'Éclipse saisissent davantage d'armes. Leur travail sur le terrain permet d'améliorer les banques de renseignements et de faire avancer les enquêtes», ajoute le chef syndical.

Il y a quelques jours, le président de l'Union des tenanciers de bars du Québec, Peter Sergakis, a écrit au ministre Toews pour qu'il maintienne la subvention. «Grâce à Éclipse, c'est beaucoup plus calme dans les bars et les clients se sentent davantage en sécurité. Si on dissout l'escouade, cela ne prendra que quelques mois avant que les problèmes recommencent. On ne pourra jamais éliminer les gangs de rue, alors on doit garder un oeil sur eux», dit M. Sergakis.