Après un répit cette année, les consommateurs vont payer leurs aliments jusqu'à 3,5% plus cher en 2013, selon les prévisions de l'Université de Guelph. «Il s'agit d'une hausse significative», indique Sylvain Charlebois, coauteur de l'Index des prix alimentaires à la consommation 2013, obtenu par La Presse.

C'est surtout le prix de la viande - en croissance de 6,5% à 8,5% - qui fera grimacer aux caisses des supermarchés l'an prochain. «Les hausses de prix les plus accentuées seront celles du boeuf et du porc, en raison des contrecoups de la sécheresse de l'été dernier», explique M. Charlebois.

Incapables de nourrir leurs bêtes, bien des éleveurs ont liquidé leur cheptel. «Les stocks sont bas, si bien que les prix risquent d'augmenter à la veille de la saison des grillades», prédit l'économiste.

Grâce à notre dollar fort, les aliments importés - notamment des États-Unis - resteront abordables. Surtout si nos voisins du Sud n'arrivent pas à éviter le «précipice fiscal», nom donné à une série de hausses d'impôts et de réductions de dépenses qui seront appliquées en 2013, faute d'accord sur le budget: leur dollar faiblira davantage.

Le prix du pain, des pâtes et des pâtisseries montera de 2,5% à 4,5%, après des hausses substantielles ces dernières années. «Les distributeurs vont y aller mollo, parce que les consommateurs ne peuvent pas payer encore beaucoup plus pour ces catégories d'aliments», note M. Charlebois. Quant au café - la denrée la plus transigée au monde après le pétrole -, son prix est en baisse de 40% depuis l'an dernier. «Il serait surprenant de voir les chaînes de restauration augmenter le prix d'une tasse de café», y précise-t-on.

Vers une guerre de prix

De façon générale, une guerre de prix est «fort probable» en alimentation au Canada dans les prochaines années. «Le marché québécois n'a jamais été exposé à autant de pression que ce qu'il vivra en 2013, année charnière pour la distribution alimentaire», observe M. Charlebois. Au cours de l'année, la chaîne américaine Target va ouvrir 25 magasins qui seront fournis en denrées par IGA/Sobeys. Walmart comptera quant à elle 64 succursales au Québec à la fin du mois de janvier, dont 15 Supercentres avec épicerie.

«Ça va faire mal, commente l'expert. Les autres distributeurs vont tenter de garder leurs parts de marché, dont Metro, la seule bannière québécoise qui reste.» Tant les porte-parole de Metro que de Provigo-Loblaw ont refusé de commenter la situation.

Réduire sa facture de 10% en gaspillant moins

Au pays, les prix des aliments n'ont grimpé que de 1,2% entre les mois d'octobre 2011 et 2012, selon Statistique Canada.

Dans le monde, ces prix ont chuté de 8% au cours des 10 premiers mois de l'année 2012, par rapport à la même période l'année dernière. Une meilleure coordination internationale et plus de transparence du marché (grâce au système d'information sur les marchés agricoles du G20) ont «permis d'éviter la panique et empêché la pire sécheresse depuis des décennies de se transformer en crise des prix alimentaires», a indiqué José Graziano da Silva, directeur général de la FAO, dans un communiqué.

Pour contourner la hausse de prix prévue en 2013, M. Charlebois conseille de mieux gérer les achats alimentaires. «Si les consommateurs limitaient le gaspillage, ils pourraient réduire leur facture d'épicerie de 10%», calcule-t-il.

Hausses prévues des prix des aliments en 2013

Fruits et légumes : + 1 % à 3 %

Restauration : + 1 % à 3 %

Pains, pâtisseries, pâtes : + 2,5 % à 4,5 %

Viande : + 6,5 % à 8,5 %

Toutes catégories confondues : + 1,5 % à 3,5 %

Source : Index des prix alimentaires à la consommation 2013, Université de Guelph.