Les recteurs des universités se réunissent aujourd'hui pour préparer leur riposte au ministre Pierre Duchesne, qui leur impose des compressions de 140 millions de dollars à quatre mois de la fin de l'année financière.

Et pour une rare fois, ils s'entendent avec les associations étudiantes. Tous deux se sentent floués par le gouvernement Marois, qui annonce des coupes au beau milieu de ses consultations en vue du Sommet sur l'enseignement supérieur, en février, et alors qu'il avait promis un réinvestissement dans les universités.

Le ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, a déclenché une tempête, mardi, lorsqu'il a demandé aux recteurs de réduire leurs budgets de 5% d'ici la fin de l'année 2012-2013, dans quatre mois. Il a également rencontré les représentants des cégeps, mais il n'a pas chiffré les compressions qui leur seront exigées. Québec déposera les crédits budgétaires des ministères aujourd'hui, ce qui donnera l'heure juste au sujet des coupes.

«Tous les recteurs ont été vraiment sonnés. Ce sont des coupes rétroactives qui sont irréalisables», s'est exclamé Denis Brière, recteur de l'Université Laval, qui doit amputer son budget de 21 millions.

Il participera aujourd'hui à la réunion du conseil d'administration de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ). «On va décider comment les universités vont réagir en tant que groupe», a-t-il dit. La participation aux prochaines rencontres thématiques puis au Sommet sera discutée, bien que Denis Brière n'aille pas lui-même jusqu'à militer pour un boycottage.

Les étudiants interpellés

La présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, accuse le gouvernement Marois de faire comme le gouvernement Charest, soit de prendre des décisions avant la fin des consultations. La prochaine rencontre thématique en vue du Sommet, la semaine prochaine à Trois-Rivières, sera «animée», selon elle.

Jeanne Reynolds, porte-parole de l'ASSÉ, croit que les dés sont pipés. Le gouvernement ne fait qu'ouvrir la voie à une hausse des droits de scolarité, a-t-elle dit, rappelant que Pauline Marois préconise une indexation. Les deux associations craignent que les services aux étudiants ne souffrent des compressions.

À l'Assemblée nationale, le chef intérimaire du Parti libéral, Jean-Marc Fournier, a accusé le gouvernement de «casser» les universités. «Pour les carrés rouges, il y a un ministre qui se bat. Mais pour les universités, il n'y a pas de ministre qui se bat», a-t-il lancé, rappelant l'annulation de la hausse des droits de scolarité.

Trou budgétaire libéral

Pierre Duchesne a répliqué que les libéraux ont laissé un trou budgétaire de 1,6 milliard. Il a affirmé que le budget des universités augmentera de 2,7% au lieu de 5%. «Tous les ministères sont appelés à contribuer» pour arriver au déficit zéro, a-t-il plaidé.

Le gouvernement Charest avait prévu des compressions avant le déclenchement des élections. Dans une lettre datée du 27 juin, le sous-ministre au Trésor, Marc Lacroix, demandait à son homologue de l'Éducation, Louise Pagé, de sabrer 265 millions dans l'ensemble du réseau scolaire et universitaire.