Le gouvernement Couillard a autorisé le déversement de 8 milliards de litres d'eaux usées dans le Saint-Laurent en se basant sur des études environnementales fournies par la Ville de Montréal, a indiqué jeudi le ministre de l'Environnement, David Heurtel.

Les partis de l'opposition pressent depuis des jours le ministre de rendre publiques les analyses que ses fonctionnaires ont menées avant de donner leur feu vert au projet de l'administration Coderre. Or, c'est la Ville qui a mené ces études, a indiqué le ministre Heurtel jeudi.

« La documentation fondamentale provient de la Ville, a expliqué M. Heurtel. La Ville propose un projet, on analyse la documentation fournie par la Ville. »

La semaine dernière, M. Heurtel a rendu public un rapport de huit pages produit par son ministère, dans lequel on détaille les conditions imposées à la Ville pour purger l'intercepteur, qui dessert six arrondissements. 

Le ministre et le maire Denis Coderre ont toujours maintenu que la fermeture complète de l'intercepteur pendant sept jours est la seule option possible. En plus de déplacer une chute à neige, la Ville retirera des cintres posés dans la canalisation. 

L'opposition à l'Assemblée nationale doute de cette prétention et somme Québec de rendre public tout autre document que le Ministère a produit dans le cadre de son analyse du projet.

Le chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, somme le gouvernement Couillard de faire preuve de « transparence ». Et il doute que le ministre Heurtel ait toujours la crédibilité pour rester en poste.

« Je ne suis pas le seul à commencer à sérieusement penser qu'il y a un problème sérieux avec le ministre Heurtel, a dit M. Péladeau. Le premier ministre Couillard, quand il s'est couché hier, je pense qu'il a dû y penser aussi. »

En Chambre, le député péquiste Mathieu Traversy a dit douter que le ministre de l'Environnement n'ait pas d'autres études d'impact du projet.

« S'il refuse de les déposer, a-t-il dit, c'est qu'il y a anguille sous roche. »

La Coalition avenir Québec a demandé à plusieurs reprises à M. Heurtel si ses fonctionnaires ont préparé d'autres analyses de l'impact du chantier, jeudi matin. Le ministre n'a pas répondu directement à la question.

Pour le chef caquiste, François Legault, Québec doit prouver hors de tout doute que la fermeture complète de l'intercepteur est la seule manière pour la Ville de réparer la conduite. 

« Il va falloir regarder les alternatives à ce déversement, a dit M. Legault. Quand M. Heurtel dit que ça couterait 1 milliard pour éviter le déversement qui s'en vient, moi j'ai des gros, gros doutes. »