Le hasard a voulu que Philippe Couillard présente dimanche une troisième femme candidate en vue des quatre élections complémentaires à venir au Québec, et ce, quelques heures après que le Conseil du statut de la femme (CSF) eut demandé l'imposition de quotas pour les candidatures féminines. Mais le premier ministre n'est pas pour autant du même avis que le CSF, pas plus qu'il n'est complètement contre.

«De mettre [un quota de 40% de femmes candidates] comme un objectif, ça m'apparaît très louable, et je pense qu'on devrait viser cet objectif», a-t-il d'abord déclaré, en marge de l'annonce de la candidature de Monique Sauvé dans la circonscription de Fabre, à Laval.

«J'ai un peu plus de difficulté avec l'aspect punitif, et je pense que plusieurs femmes aussi», a-t-il ensuite nuancé. Il faisait référence à la demande du CSF, qui souhaite la création d'une «zone paritaire» qui obligerait les partis politiques à recruter un minimum de 40% et un maximum de 60% de candidates en vue des élections, sans quoi les allocations annuelles versées par le Directeur général des élections seraient amputées. «Elles [les femmes candidates] sont là, pas parce qu'il fallait remplir des objectifs de nombre, mais parce que ce sont les meilleures personnes pour représenter leur circonscription», a-t-il insisté.

Le premier ministre n'a toutefois pas complètement fermé la porte à l'idée des quotas. «Je pense que c'est une question de société qu'il est important de débattre», a-t-il affirmé, avant de s'avouer «frustré» par le recul de la présence féminine en politique au cours des dernières années.

Sur la scène provinciale, seul le parti Québec solidaire recrute un nombre équivalent d'hommes et de femmes en vue des élections. Dans les autres partis, la proportion de femmes candidates varie d'un scrutin à l'autre. Au Parti libéral, elle est passée de 38% aux élections de 2012 à 28% en 2014. Au Parti québécois, 28% de femmes se sont présentées en 2012, comparativement à 37% en 2014. À la Coalition avenir Québec, les femmes représentaient 22% des candidats en 2012 et 23% en 2014.

À l'approche des quatre élections complémentaires - dont la date n'a toujours pas été révélée par le premier ministre -, le Parti libéral mise sur Monique Sauvé dans Fabre, Karine Otis dans René-Lévesque (Côte-Nord), Dominique Anglade dans Saint-Henri-Sainte-Anne (Montréal) et Paul Busque dans Beauce-Sud.

- Avec Annabelle Blais