Les primes aux hauts fonctionnaires ne peuvent être considérées comme «de la rémunération automatique», et elles devront désormais être liées à des résultats mesurables, déclare le premier ministre Philippe Couillard.

De passage à Rome, il a eu à expliquer des avantages généreux versés aux mandarins du gouvernement. Le Soleil a rapporté hier que ces primes seraient désormais versées en deux temps. Le haut fonctionnaire devra avoir atteint ses objectifs de rendement ou de compressions pour obtenir la totalité de sa prime. Plus tôt, La Presse avait relevé les cas, nombreux, de mandarins à qui on avait accordé une «allocation au logement» pour séjourner à Québec, ainsi que des allocations d'auto à des hauts fonctionnaires qui vivent à quelques kilomètres de leur travail.

«Il y a deux choses. Il faut rester compétitifs avec le secteur privé. Cependant, cela ne peut être automatique, les primes de performance doivent être liées à l'atteinte d'objectifs mesurables, budgétaires, de qualité de service», a souligné M. Couillard. «Si vous avez quelqu'un qui est sous-ministre ou sous-ministre adjoint, il va se comparer. Si vous voulez le recruter, vous devez être compétitifs», a rappelé M. Couillard, en marge d'une mission politique à Rome.

Sa mission à Rome se terminera vendredi. Elle sera entrecoupée d'un saut à Paris, demain, pour assister, avec Pierre Karl Péladeau et Jean Charest, à la cérémonie d'intronisation de Dany Laferrière à l'Académie française.

Aujourd'hui, M. Couillard a rencontré le pape François en audience générale. Il a par ailleurs échanger brièvement avec le Saint-Père, une occasion de renouveler l'invitation faite par le maire Denis Coderre de souligner par sa présence le 375e anniversaire de la ville de Montréal, en 2017.

Rare visite en Italie

Il faut remonter à 2001 pour retrouver le passage d'un premier ministre du Québec en Italie. Il y a désormais 50 ans que le Québec est officiellement représenté dans ce pays, par un bureau à Milan dans un premier temps, dans les années 60.

Les entrepreneurs italiens sont sensibles aux arguments du Québec, croit-il. Dans ses interventions, il met en valeur le Plan Nord, les invitant à participer aux 50 milliards d'investissements d'ici 2035. Il souligne aussi la stratégie maritime qui mise sur l'avantage géographique du Québec - le fleuve Saint-Laurent permet d'atteindre des marchés importants aux États-Unis. Les entrepreneurs italiens connaissent bien le Québec, et leurs investissements de 500 millions représentent une hausse de 40% par rapport à 2013.

«C'est important de parler du Québec non seulement comme d'une terre d'investissement, mais comme d'une plaque tournante de développement pour les pays qui veulent augmenter leur présence en Amérique du Nord», a indiqué M. Couillard après s'être adressé à une cinquantaine de personnes invitées par le Confindustria, l'équivalent italien du Conseil du patronat, qui représente 150 000 entreprises comptant 5 millions d'employés. Le président du groupe, Giorgi Squinzi, avait commencé à l'international par un investissement à Laval.

Son intervention a été saluée par Guido Fabiani, ministre du Développement économique du Latium, l'équivalent d'une province au Québec. Le professeur Fabiani a relevé l'intérêt de l'Italie pour l'industrie aérospatiale, bien représentée à Montréal.

M. Couillard a rappelé que cette mission avait été organisée au pied levé; la cérémonie d'investiture de M. Laferrière a déclenché la décision. À court terme, il est impossible de rassembler des gens d'affaires pour une mission officielle. Il a eu à expliquer la décision du gouvernement de fermer la représentation qu'avait le Québec à Milan: «On avait à revenir à l'équilibre budgétaire, une impasse de 7,3 milliards à renverser. On a décidé de se concentrer sur Rome». «On n'a pas l'argent, il y a des choix à faire, et tous les secteurs de l'activité gouvernementale doivent y participer.»