Opposants de la première heure à Pierre Karl Péladeau, le SPQ Libre et la FTQ se sont montrés plus prudents, samedi, au lendemain de l'élection du nouveau chef du Parti québécois et se disent maintenant « en attente ».

En mars 2014, à l'arrivée de M. Péladeau au Parti québécois, le club politique des Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre (SPQ Libre) avait reconnu l'utilité d'une « alliance stratégique » avec l'homme d'affaires, mais avait déclaré qu'il ne devait jamais diriger le parti.

De son côté, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) décrivait M. Péladeau comme « l'un des pires employeurs que le Québec ait connus » et menaçait, l'automne dernier, de bloquer sa candidature dans la course à la direction du PQ.

Le président de la Fédération, Daniel Boyer, a toutefois refusé de commenter la victoire de M. Péladeau, samedi. « M. Boyer veut laisser du temps passer pour voir comment ça va se passer », a fait savoir son attachée de presse, Isabelle Gareau.

De leur côté, les 400 membres du SPQ Libre, qui possèdent pour la plupart une carte du PQ, ne claqueront pas la porte du parti... pour l'instant.

« On prend acte de la décision des membres, mais on constate aussi que 42 % de ceux qui ont voté se sont opposés à l'élection de M. Péladeau », a affirmé Pierre Dubuc, secrétaire du SPQ Libre, au cours d'un entretien.

André Lamoureux, chargé de cours à l'UQAM et spécialiste de la politique québécoise et de la gauche au Québec, estime toutefois que la « solide » victoire de M. Péladeau laisse peu de latitude à l'aile gauche du parti. « Soit elle suit le train ou va ailleurs, mais le SPQ ne veut pas appuyer Québec solidaire... Il n'a d'autre choix que de rester et de veiller au grain pour éviter un virage à droite », explique-t-il.

M. Lamoureux croit toutefois qu'un tel virage est peu probable à la lumière du discours de la victoire de M. Péladeau dans lequel il a critiqué les néo-libéraux et a déclaré qu'il souhaitait que le PQ reste progressiste. « On n'entend pas, dans son discours, qu'il souhaite faire un virage à droite, mais il sera jugé à ses gestes. »

Trois enjeux à surveiller

Marc Laviolette, président du SPQ Libre, a déclaré à Radio-Canada que le groupe serait le chien de garde des orientations du PQ.

Pour sa part, Pierre Dubuc surveillera les prises de position de Pierre Karl Péladeau sur trois enjeux en particulier.

« J'ai hâte de voir ce que M. Péladeau fera à l'égard du Bloc québécois avec la campagne électorale fédérale, cet automne. On se souvient qu'il avait dit que le Bloc n'avait pas de raison d'être », indique-t-il. M. Péladeau s'était ravisé le lendemain de cette déclaration.

M. Dubuc suivra également les déclarations du nouveau chef concernant le pipeline de TransCanada. M. Péladeau s'était dit favorable au projet en échange de redevances tout en affirmant que ce devrait être aux Québécois de décider.

Finalement, le SPQ surveillera de près la position du chef au sujet des négociations des employés du secteur public, à l'automne.

Pas de réaction de la CSN et de la CSQ

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) tout comme la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) ont refusé de commenter la victoire de M. Péladeau. « On ne se mêle pas de politique partisane interne, a indiqué Louis-Serge Houle, directeur du service des communications de la CSN. On n'a pas réagi à l'élection de Pauline Marois ou de Philippe Couillard, on ne réagira pas plus cette fois-ci. » À la CSQ, l'attachée de presse Christine Marceau a indiqué qu'elle ne se prononçait pas sur l'élection, mais a dit souhaiter que M. Péladeau « mette de l'avant » les idées défendues par son organisation, comme l'augmentation des investissements en éducation et dans le développement durable.