Le premier ministre Stephen Harper remaniera son cabinet en profondeur au début du mois de juillet, une fois que le congrès national du Parti conservateur, qui aura lieu à Calgary du 27 au 29 juin, sera passé.

Des sources conservatrices ont confirmé à La Presse que le remaniement qu'envisage M. Harper sera le plus important depuis son arrivée au pouvoir en 2006.

M. Harper et son nouveau chef de cabinet, Ray Novak, commencent à peine à plancher sur le jeu de chaises musicales qui doit permettre de donner un nouveau souffle au gouvernement conservateur, malmené à la Chambre des communes depuis des semaines à cause notamment du scandale des dépenses des sénateurs. Le remaniement vise aussi à présenter un nouveau visage avant les prochaines élections, prévues en 2015.

Le premier ministre compte remplacer la majorité des ministres qui n'ont pas l'intention de se présenter aux prochaines élections. «Le cabinet qui sera formé en juillet sera le cabinet des prochaines élections», a affirmé une source conservatrice qui a requis l'anonymat.

Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, le ministre de la Justice, Rob Nicholson, le whip en chef du gouvernement, Gordon O'Connor, le ministre responsable de l'ACDI, Julian Fantino et le ministre des Pêches et Océans, Keith Ashfield, entre autres, feraient partie de la liste des ministres qui tireraient leur révérence aux prochaines élections et seraient appelés à céder leur place à la relève.

Vic Toews aurait d'ailleurs invité ses proches collaborateurs à commencer à chercher un autre emploi en prévision du remaniement de juillet, indique-t-on dans les rangs conservateurs.

L'exception Flaherty

La seule exception à cette règle pourrait être le ministre des Finances Jim Flaherty. Même si les chances qu'il soit sur les rangs aux prochaines élections sont minces pour des raisons de santé (il est atteint d'une rare maladie de la peau), M. Flaherty a exprimé le souhait à quelques reprises au cours des derniers mois de demeurer en poste jusqu'à ce que le déficit de 26 milliards de dollars soit éliminé d'ici deux ans, soit avant les prochaines élections.

À moins d'un revirement de taille, Stephen Harper est prêt à exaucer son souhait en raison des longs états de service de Jim Flaherty. Aussi, on estime dans les rangs conservateurs que M. Flaherty représente la stabilité au Canada alors que l'économie mondiale montre encore des signes de ralentissement.

Remplacer M. Flaherty aux Finances par un néophyte pourrait aussi être mal accueilli par Bay Street, surtout après le départ du gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, qui prendra la tête de la Banque centrale de l'Angleterre le mois prochain.

MM. Flaherty et Carney ont représenté les intérêts du Canada durant les sommets internationaux du G8 et du G20 dans la foulée de la crise économique de 2008 et ont contribué à consolider la réputation du pays en matière de gestion de l'économie et des finances publiques.

Parmi les députés qui pourraient accéder au conseil des ministres, le nom du député ontarien bilingue Chris Alexander, ancien ambassadeur du Canada à Kaboul, en Afghanistan, revient immanquablement. La jeune députée albertaine Michelle Rempell pourrait aussi obtenir une promotion.

Les poids lourds du cabinet - John Baird (Affaires étrangères), Jason Kenney (Immigration), James Moore (Patrimoine), Peter MacKay (Défense) et Tony Clement (Conseil du Trésor) - conserveront les mêmes responsabilités ou se verront offrir de nouvelles fonctions.

Au Québec, le premier ministre devra encore une fois composer avec les mêmes cartes puisque les conservateurs ne comptent que cinq sièges dans la province. Si peu d'observateurs croient que le député Jacques Gourde obtiendra un ministère, la plupart s'entendent pour dire que le ministre d'État aux Petites Entreprises, Maxime Bernier, se verra confier un ministère plus important. Le ministre de l'Industrie, Christian Paradis, devrait pour sa part conserver ses responsabilités de lieutenant du premier ministre au Québec.