Les consommateurs devraient pouvoir boire davantage de vins et de cidres québécois, même au risque de réduire la rentabilité de la Société des alcools, s'il n'en tient qu'à l'opposition.

Le Parti libéral a déposé, vendredi, un projet de loi qui confie notamment à la Société des alcools (SAQ) la fonction de promouvoir les produits du Québec. Le gouvernement est favorable au principe, mais n'est pas convaincu de la nécessité de procéder par modification législative.

Actuellement, moins d'un pour cent des produits vendus à la SAQ sont québécois, tandis que chez son équivalent ontarien, la Régie des alcools de l'Ontario (RAO), la part des produits ontariens avoisine les 50 pour cent, a déclaré en conférence de presse le député libéral Stéphane Billette, qui a déposé le projet de loi.

«On voit que le consommateur, maintenant, demande le produit ontarien lorsqu'il arrive dans une LCBO (désignation anglaise de la RAO), (...) je pense que c'est un modèle à suivre. On ne peut pas dire qu'on est meilleurs qu'ailleurs, là.»

Également, en vertu du projet de loi, un producteur pourrait distribuer ses alcools au supermarché local ou dans un marché public. Ou encore, des produits québécois pourraient être vendus en consignation dans un restaurant «apportez votre vin».

Ce faisant, les vins et cidres québécois pourraient bien ainsi supplanter dans les étalages l'offre de la SAQ et, donc, réduire le bénéfice de la société d'État versé au Trésor québécois. Mais les libéraux n'en démordent pas: la mission de la SAQ doit être élargie.

«Il ne faut pas juste prouver sur une question de rentabilité (sic), a plaidé M. Billette. Je pense qu'il y a beaucoup plus que ça. Il y a un principe également d'occupation de nos territoires, de diversification de notre agriculture et surtout de création d'emplois au Québec.»

Le PLQ estime qu'avec le consentement des autres partis la Chambre peut agir vite et adopter le projet de loi à toute vapeur.

Mais il faut, certes, l'appui du gouvernement. Le ministre de l'Agriculture, François Gendron, a manifesté une certaine ouverture, mais n'est pas prêt à aller aussi loin.

Selon son attaché de presse, Maxime Couture, le gouvernement ne veut pas s'engager sur le terrain des modifications législatives, mais le ministre souhaite lui aussi voir davantage de produits québécois sur les tablettes et veut faciliter leur mise en marché, conformément à la nouvelle politique de souveraineté alimentaire.

«Les commandes ont été transmises, il y a des gens qui sont censés prendre des décisions incessamment pour faciliter l'arrivée, dans les succursales, des produits québécois, a déclaré M. Gendron, en point de presse vendredi matin, avant le dépôt du projet de loi. Les vignerons ont raison de dire: «il faut faire plus et mieux.»