Tandis que la première ministre ontarienne Kathleen Wynne rendait hommage à Dalton McGuinty, mercredi, les partis d'opposition dépeignaient l'ex-premier ministre comme un politicien qui a dû céder son siège en plein scandale, et qui a laissé derrière lui une série de promesses non tenues.

Les informations concernant la démission de Dalton McGuinty ont commencé à couler mardi soir, éclipsant la première grande réalisation de sa successeure au Parti libéral - l'adoption du budget de son gouvernement minoritaire à Queen's Park.

L'ancien premier ministre a confirmé mercredi matin dans une déclaration écrite qu'il quittait ses fonctions de député libéral de la circonscription d'Ottawa-Sud après 23 années en poste.

« La fin de cette session constitue le moment opportun pour moi de mettre fin à mon service auprès de la population d'Ottawa-Sud », a exposé Dalton McGuinty. « Je suis fier d'avoir été la première personne originaire d'Ottawa à occuper le poste de premier ministre de l'Ontario, et je suis fier d'avoir hérité des valeurs inculquées dans la maison de mes parents à Alta Vista », a-t-il ajouté.

Sa successeure a louangé son héritage politique, faisant valoir qu'il avait servi la population avec « vision et détermination ».

« Il nous a rappelé que le gouvernement pouvait nous permettre de monter en puissance grâce à des investissements en éducation, en santé, en recherche et en innovation », a déclaré Kathleen Wynne par voie de communiqué. « Il a dirigé l'Ontario lors de la récession globale et de trois élections générales », a ajouté la première ministre.

Interrogé sur le legs politique de Dalton McGuinty, le leader progressiste-conservateur Tim Hudak a parlé d'un héritage d'endettement, de gaspillage et de corruption. « Si vous aimez ce que Dalton McGuinty a fait à la province, vous en aurez encore plus avec Kathleen Wynne », a-t-il ironisé.

Selon le Nouveau Parti démocratique, l'ex-leader n'a pas su tenir ses promesses - il a fait « plus de mal que de bien », a résumé le député néo-démocrate Peter Tabuns.

La formation politique remet en question le moment choisi par M. McGuinty pour annoncer sa démission. Il y a quelques jours, la police provinciale de l'Ontario a ouvert une enquête criminelle sur la destruction de courriels portant sur l'annulation de deux projets de centrales thermiques.

« La dernière fois qu'il a senti la soupe chaude au sujet des centrales thermiques, il a prorogé le Parlement et a annoncé qu'il quittait son poste de premier ministre », a plaidé M. Tabuns.

Les deux partis d'opposition accusent les libéraux d'avoir détruit des courriels afin de camoufler le coût réel de l'annulation des centrales au gaz de Mississauga et d'Oakville, qui ont explosé, pour s'établir à quelque 585 millions.

Dans un communiqué publié vendredi dernier, Dalton McGuinty a nié avoir ordonné à son personnel de détruire illégalement les dossiers gouvernementaux sur les centrales thermiques. Il n'en fait aucune mention mercredi dans sa lettre de démission de deux pages.

Dalton McGuinty a été élu dans Ottawa-Sud en remplacement de son père décédé en 1990.

Depuis qu'il avait cédé à Kathleen Wynne les fonctions de premier ministre, en février dernier, il n'avait été vu à Queen's Park que deux fois.

Mardi, il n'a pas participé au vote sur le budget du gouvernement minoritaire qui a été adopté grâce à l'appui donné au Parti libéral par le Nouveau Parti démocratique (NPD).

La première ministre Wynne devra maintenant déclencher trois élections partielles. D'ici deux mois, déjà, elle devra convoquer aux urnes les électeurs de Windsor et de London afin de remplacer les ministres et députés démissionnaires Dwight Duncan et Chris Bentley.