Cinq jours avant de tuer ses enfants, soit le 15 février 2009, vers 21h40, Guy Turcotte a consulté un forum de discussion sur le suicide.

C'est ce que le jury a appris du témoin Michel Dufour, en fin de journée, hier, au procès de Guy Turcotte.

M. Dufour est l'enquêteur de la Sûreté du Québec qui a récupéré les données dans l'ordinateur de M. Turcotte le 21 février 2009. 

L'appareil a été retrouvé ouvert, au rez-de-chaussée de la maison de Piedmont où s'est produit le drame. On sait que les corps des enfants, de même que M. Turcotte, ont été retrouvés à l'étage des chambres, vers 11h15 le matin du 21 février 2009. 

Les données démontrent que l'ordinateur de M. Turcotte a été utilisé entre 18h27 et 20h09 la veille. Il y a eu consultation de courriels échangés entre «Martin Giroux et Isabelle Gaston», puis M. Turcotte a navigué sur des pages ayant trait au suicide, ainsi qu'au méthanol et à l'éthylène glycol. Parmi les pages consultées, il y a celles-ci, à 19h24: «suicide sans souffrance, comment se suicider, se donner la mort sans douleur, rapidement, moyens pour se suicider». L'expert poursuivra son témoignage aujourd'hui.

Olivier a tenté de se défendre

Un peu plus tôt, hier, le jury a entendu le pathologiste André Bourgault, qui a pratiqué l'autopsie sur Olivier et Anne-Sophie. Ceux-ci ont reçu respectivement 27 et 19 coups de couteau, alors qu'ils étaient chacun dans leur lit.

Olivier a tenté de se défendre, puisqu'il affichait des plaies aux mains. La fillette n'en avait pas. La plupart des plaies ont été faites de face, au thorax et à l'abdomen, mais ils affichaient aussi quelques plaies au dos. Cela signifie qu'ils ont changé de position pendant l'attaque, a expliqué l'expert.

Selon le pathologiste, tous les coups ont été donnés alors que leur coeur battait encore, mais il ne peut préciser l'ordre dans lequel ils ont été portés. Il ne peut non plus préciser l'heure de la mort des enfants. Pour être plus précis, il aurait fallu qu'il se rende sur place, pour prendre différentes données, ce qu'il n'a pas fait. Il sait par contre qu'ils sont morts avant d'avoir complètement digéré leur dernier repas. Ils avaient une bouillie alimentaire dans l'estomac, mais l'expert ne peut préciser ce qu'ils avaient mangé. Un adulte digère un repas en deux à trois heures. Un enfant pourrait le faire en un peu moins de temps, mais il n'avait pas de donnée précise à transmettre au jury.

D'une voix monocorde, de façon didactique, le pathologiste a décrit en détail chacune des 46 plaies infligées aux enfants. L'entrée du couteau, la longueur de la plaie, sa position sur le corps de l'enfant, la trajectoire de l'arme, les organes touchés... Mésentère, diaphragme, cartilage de la 5e côte du côté gauche, hémothorax droit et gauche, perforations au péricarde, 8e espace intercostal gauche... Tous ces termes techniques, M. Turcotte ne les comprenait que trop bien, lui qui était cardiologue quand il a tué ses enfants. Hier, pendant le témoignage explicite du Dr Bourgault, il a abondamment pleuré en silence, la tête baissée, dans le box des accusés.

Semaine écourtée

Le procès se poursuit aujourd'hui, mais il sera raccourci encore de quelques jours cette semaine, pour des raisons personnelles touchant des membres du jury.

Un des jurés a perdu sa mère pendant la fin de semaine, et il devra s'absenter pour les funérailles demain après-midi et jeudi. Le lendemain, vendredi, il n'y aura pas d'audience non plus parce que le juré qui a été opéré à une main la semaine dernière doit retourner voir le médecin.

La semaine dernière, le procès n'a eu lieu que pendant trois jours, dont deux qui n'étaient pas des journées complètes, en raison de problèmes de santé de deux jurés. Une femme a d'ailleurs été remerciée, si bien que le procès se poursuit avec 11 jurés.