Une pasteure protestante de l'ouest de Montréal - infirmière auxiliaire de surcroît - vient d'être condamnée en justice pour avoir «exploité» une vieille dame et sa fille handicapée en leur soutirant des milliers de dollars.

Rhema Jean Watson, à la tête de l'Église apostolique de Jésus Christ du Grand Montréal, «a cherché à profiter» de ses victimes «de façon réfléchie», a tranché la Cour du Québec le mois dernier. Elle «savait ou ne pouvait ignorer» que les deux fidèles «étaient vulnérables» et accordaient «une grande importance au fait qu'elle était pasteure».

Le tribunal l'a condamnée à verser presque 30 000$ aux victimes.

Au total, Linda Myers Hall et sa fille Margaret Hall «ont prêté en capital une somme supérieure à 27 000$ à la pasteure Watson», sans revoir la couleur du plus gros de cet argent. La ministre du culte a aussi entaché le dossier de crédit des victimes et a tenté d'acheter une voiture en utilisant leur nom.

«Le titre de pasteur de MmeWatson et son implication auprès des personnes âgées autonomes et semi-autonomes qu'elle leur a décrite ont eu pour effet de créer un lien de confiance démesurément important ou carrément chimérique», écrit le juge Alain Breault.

De nombreux prêts

Dans son jugement, le tribunal révise en détail différents épisodes lors desquels la pasteure Watson a quémandé de l'argent auprès de la famille Hall. Chaque fois, elle promettait de remettre l'argent en versements, allant même jusqu'à signer un acte notarié à cet effet. Mais après quelques mois, les paiements cessaient et la pasteure demandait un nouveau prêt.

«Le Tribunal estime que Mme Hall, en tant que personne âgée, et Margaret, en tant que personne handicapée, ont toutes deux été victimes d'une forme d'exploitation», a décidé le juge Breault. Les victimes «ne vivaient que sur leurs pensions respectives» mais sont tout de même devenues «des amies de commodité parce qu'elle était incapable de se trouver du financement ailleurs».

L'avocat des deux femmes, Allan Gold, a qualifié la situation de «triste» en entrevue téléphonique. Il a affirmé que ses clientes étaient contentes du jugement, mais que celui-ci ne constituait qu'une «première étape». Il ne sera pas nécessairement facile d'obtenir les sommes en jeu.

«On doit protéger les personnes vulnérables et la Cour l'a souligné. [Ce jugement] est bon pour la société», a ajouté l'avocat.

La Presse n'a pas réussi à joindre Mme Rhema Jean Watson. L'Église qu'elle préside existe au Registre des entreprises, mais ne semble pas avoir pignon sur rue.

Mme Watson est inscrite au tableau de l'Ordre des infirmières auxiliaires du Québec. Hier, l'Ordre n'a pas rappelé La Presse.