L'ex-comédien et rappeur Didier Buzizi, condamné pour meurtre, aura droit à un nouveau procès, a décidé la Cour suprême du Canada.

Dans sa décision rendue vendredi, le plus haut tribunal du pays a accueilli l'appel de Buzizi et ce dernier pourra soumettre la défense de provocation à un jury.

Si cette défense est accueillie, la condamnation pour meurtre pourrait être réduite à celle d'homicide involontaire.

La décision de la Cour a toutefois été partagée: trois juges sont d'avis qu'un nouveau procès est nécessaire, mais deux juges auraient rejeté l'appel.

Adolescent, Buzizi avait tenu un rôle important dans le téléroman Fred-Dy - il y jouait le rôle du petit Dieudonné - et avait ensuite entamé une carrière de rappeur sous le nom de scène Bilo da Kid.

Toute cette affaire a commencé après une fête dans un bar, en août 2007, lorsqu'une bagarre a éclaté entre le cousin de Buzizi et la victime.

Plusieurs personnes s'en mêlent alors et tentent d'arrêter l'altercation. Le cousin est gravement blessé à la gorge par la victime qui l'a attaqué avec un exacto.

Buzizi, qui avait alors 20 ans, intervient et voit son cousin blessé. Buzizi a déclaré que la victime l'a alors menacé agressivement et a agité vers lui son exacto. Selon son témoignage, il a ensuite sorti un long couteau dissimulé sur lui et a donné des coups de couteaux à la victime pour se défendre.

Au procès, l'accusé a plaidé qu'il n'avait pas le choix, qu'il avait réagi avec émotion pour éviter d'être lui-même tué. Tout s'est passé très vite, il avait peur mais n'a jamais voulu tuer l'autre homme, a-t-il déclaré au jury lors du procès.

La théorie de la Couronne était que Buzizi avait agi pour venger son cousin. Pour preuve, elle a fait valoir les blessures de la victime, poignardée profondément avec un couteau dont la lame mesurait 20 centimètres.

Buzizi est déclaré coupable de meurtre non prémédité et se voit imposer une peine de prison à perpétuité, sans aucune possibilité de libération conditionnelle avant 12 ans.

En appel, il prétend que le juge du procès a fait erreur en ne soumettant pas au jury la défense de provocation. Seule la défense de légitime défense avait été soumise mais Buzizi n'avait pas été cru par le jury.

En 2012, la Cour d'appel a confirmé le verdict de culpabilité mais une des trois juges, Marie-France Bich, dissidente, aurait accueilli l'appel pour permettre la défense de provocation.

La Cour suprême a donné raison à cette dernière.

«Le débat porte uniquement sur la question de savoir s'il (Buzizi) «a agi sous l'impulsion du moment et avant d'avoir eu le temps de reprendre son sang-froid» au sens de l'article 232 (2) du Code criminel. À l'instar de la juge Bich, j'estime qu'il était loisible à un jury convenablement instruit de résoudre ce débat en faveur de l'appelant», écrit le juge Morris Fish de la Cour suprême pour la majorité.

Mais tout ce que la Cour affirme est que la défense de provocation doit être soumise à un jury. Elle ne donne aucun avis à savoir si cette défense est valide ici et si elle doit être crue avec les faits de cette affaire.

Le juge Richard Wagner, dissident, aurait rejeté l'appel.

«Je conclus que l'appelant savait ce qu'il faisait lorsqu'il a poignardé la victime avant qu'elle ne puisse récupérer son arme. Il s'est immiscé dans une bagarre qu'il avait aperçue de loin, en ayant un couteau sur lui, sans même connaître l'état de son cousin. Il ne s'agissait pas d'un geste soudain et impulsif, découlant d'une provocation de la part de sa victime», a-t-il conclu.