Me Dimitrios Strapatsas, qui a fait de fréquentes apparitions publiques depuis la retentissante évasion de son client Francis Boucher, le fils de Maurice «Mom» Boucher, en mars dernier, a été arrêté jeudi et relâché par les enquêteurs de la Sûreté du Québec, a appris La Presse de diverses sources.

Selon nos informations, le criminaliste est soupçonné d'avoir comploté avec l'un de ses clients, John Boulachanis, de façon à nuire à une affaire d'entrave à la justice dans laquelle ce dernier est plongé depuis janvier dernier. Il s'agit pour le moment d'allégations et aucune accusation n'a encore été portée contre les deux hommes.

En gros, on allègue que l'avocat et son client auraient mis ou tenté de mettre en ligne sur internet l'interrogatoire vidéo d'un codétenu, de façon à compromettre les procédures dans cette affaire. Une somme d'argent aurait été versée à une tierce personne pour que la vidéo soit mise en ligne selon nos sources.

«La Sûreté du Québec a procédé à l'arrestation de deux hommes, mais puisque l'enquête est toujours en cours et qu'aucune accusation n'a encore été portée, on ne peut donner plus de détails et confirmer l'identité des deux individus», a dit à La Presse la porte-parole de la SQ, la sergente Martine Asselin.

Sur la liste

Le nom de John Boulachanis est connu pour avoir figuré sur la première mouture de la liste des dix criminels les plus recherchés au Québec.

Il était traqué pour le meurtre de Robert Tanguay, tué de plusieurs projectiles à la tête, et dont le corps a été retrouvé en 2001 dans une sablière de Rigaud. Après une cavale de plus de dix ans, il a été arrêté en juin 2011 en Floride puis rapatrié au Québec. Sa cause de meurtre est toujours en cours à Valleyfield.

D'autres individus ont été arrêtés et condamnés pour le meurtre de Tanguay, dont un certain Michel Bourdages, devenu témoin repenti.

Selon nos informations, Boulachanis, 41 ans, a été arrêté jeudi par les membres du Service des projets d'enquêtes spécialisées de la Sûreté du Québec dans sa cellule du Centre de prévention de Rivière-des-Prairies et interrogé sur place.

Jeudi matin, c'est le criminaliste Claude Olivier qui a amené Me Strapatsas au quartier général de la Sureté du Québec, rue Partenais à Montréal, où le criminaliste a été interrogé par les enquêteurs puis relâché. Le dossier a été soumis à un procureur qui doit maintenant décider si une accusation sera portée. Joint par La Presse, Me Claude Olivier a dit croire que son collègue ne sera pas accusé.

Me Strapatsas n'a pas encore répondu à l'appel de La Presse.

Me Strapatsas a été vu et entendu à plusieurs reprises depuis mars, multipliant les déclarations dans la foulée de l'affaire Francis Boucher. Il avait notamment fait la couverture d'un quotidien montréalais en invitant l'ancien motard à se livrer à la police, craignant que sa cavale se termine dans le sang.

Selon sa théorie, Francis Boucher croyait qu'il pouvait quitter le Centre de détention de Montréal (Bordeaux), lorsqu'il a été libéré à la suite d'une succession d'erreurs administratives à la fin mars.

Photo archives La Presse

John Boulachanis