Alors que le monde entier a rendez-vous à Paris cet automne pour trouver un moyen de limiter le réchauffement climatique à 2oC, une nouvelle recherche publiée cette semaine dans la revue Science conclut que ce réchauffement, même limité, fera augmenter de 6 mètres le niveau moyen des océans.

«Il y a peu de villes côtières qui pourront survivre à 6 mètres de hausse», affirme Benjamin Strauss, spécialiste de la hausse des océans chez Climate Central, en entrevue avec La Presse.

«Pendant les périodes interglaciaires récentes, de petites hausses de la température moyenne globale se sont traduites par une hausse des océans égale ou supérieure à 6 mètres», peut-on lire dans le dernier numéro de la revue Science.

Reste à savoir quandaura lieu cette hausse. «Si je mets un bloc de glace dans une pièce chaude, je peux être certain que la glace va fondre, explique Benjamin Strauss, de Climate Central. Mais c'est très difficile de savoir en combien de temps.»

La force de la recherche publiée dans Science est de faire la synthèse de plusieurs observations récentes et de raffermir le consensus au sujet des 6 mètres de hausse.

Mais on n'est toujours pas capable de prédire la rapidité du phénomène. Les 6 mètres pourraient se matérialiser dès 2200, bien que cette probabilité reste faible.

Cependant, on sait que la hausse s'accélère actuellement, et pour cause, souligne M. Strauss. «Je ne crois pas qu'il y a eu une augmentation plus rapide de la concentration de gaz à effet se serre dans l'atmosphère depuis au moins 55 millions d'années, et il n'y a probablement pas eu de réchauffement plus rapide non plus sur la même période.»

Et avant d'arriver à 6 mètres, on aura bien des difficultés, souligne-t-il: «Les inondations côtières sont déjà beaucoup plus dommageables avec les petits 30 cm de hausse observés jusqu'ici.»

Les conséquences

375 millions

Nombre de personnes qui habitent actuellement une zone située à 6 mètres ou moins au-dessus du niveau de la mer, selon les calculs de Climate Central.

Pays-Bas

Le pays des polders et des moulins a une longue histoire de bataille contre la mer. C'est 62% de la population néerlandaise actuelle, soit 10 millions de personnes, qui serait engloutie avec une hausse de 6 mètres.

États-Unis

Miami, La Nouvelle-Orléans, New York: le plus grand pays industrialisé verrait plusieurs de ses villes côtières disparaître avec une hausse de 6 mètres. C'est 17 millions de personnes, soit 5% de la population, qui vit sous cette altitude.

Limoilou

Avec son altitude de 5 mètres et moins, ce quartier populaire de Québec va se retrouver sous les flots avec une hausse de 6 mètres des océans. L'eau salée remontera le fleuve jusqu'à Trois-Rivières.