Tandis que Stephen Harper démolissait la crédibilité des troupes de Thomas Mulcair au Québec, le chef libéral Justin Trudeau débarquait dans le fief du chef conservateur, à Calgary, en déclarant que les heures de ce dernier étaient comptées.

Seuls deux chefs des principaux partis fédéraux avaient prévu des activités publiques lundi, au lendemain du déclenchement de la plus longue campagne électorale de l'histoire moderne du Canada, qui s'échelonnera sur 78 jours au total.

M. Harper a donné le coup d'envoi à cette deuxième journée en présentant le groupe de députés québécois du Nouveau Parti démocratique (NPD) comme le plus «inefficace» de «toute l'histoire» politique canadienne.

Il a ajouté qu'il n'y avait «pas une seule étoile» dans le caucus québécois de M. Mulcair et qu'en revanche, les cinq seuls députés conservateurs du Québec élus aux dernières élections de mai 2011, eux, avaient livré la marchandise.

Mais «évidemment, pour être un gouvernement plus fort, nous, les conservateurs, on a besoin de plus de représentation du Québec à la table des décisions», a-t-il plaidé en marge d'une annonce économique dans une entreprise de Laval.

Stephen Harper a tenu ces propos quelques heures après la publication, dans le Toronto Star, du tout premier sondage de la campagne. Le coup de sonde de Forum Research donne au NPD une avance de 11 points sur le Parti conservateur à l'échelle nationale.

Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair n'a pas riposté à ces salves, ayant décidé de consacrer sa journée à la préparation en vue du premier débat des chefs organisé par le magazine Maclean's, qui aura lieu jeudi.

Son lieutenant québécois Alexandre Boulerice, qui copréside la campagne du NPD, l'a fait à sa place en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne lundi après-midi.

«Quand vous êtes la cible de votre adversaire politique, c'est bon signe. Ça veut dire que vous lui faites peur. Je pense que M. Harper sent la soupe chaude un peu, et déjà, il part sur un mode très négatif», a-t-il analysé.

Et des étoiles, il y en a plusieurs au sein de la députation québécoise, a assuré le député de Rosemont-La Petite-Patrie, se disant très fier du bilan de l'opposition officielle à la Chambre des communes.

«Hélène Laverdière (députée sortante de Laurier-Sainte-Marie) pourrait être ministre des Affaires étrangères demain matin. Marie-Josée Lemieux (candidate dans Marc-Aurèle-Fortin), qui était vice-présidente de l'Ordre des psychologues du Québec, pourrait être ministre de la Santé. On a un paquet de gens qui sont au courant de leurs dossiers», a illustré M. Boulerice.

Thomas Mulcair n'a pas été le seul à disparaître du radar médiatique quelques heures à peine après la dissolution du Parlement: le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, n'a participé à aucune activité publique, lundi. Il a cependant accordé plusieurs entrevues au cours de la journée.

Ce ne fut pas le cas de Justin Trudeau, qui a prononcé un discours dans un rassemblement partisan en terrain hostile, à Calgary - une allocution qu'il a conclue en servant à Stephen Harper une mise en garde semblable à celle qu'avait lancée son prédécesseur Michael Ignatieff.

«Le temps de M. Harper est écoulé, et il est temps que nous ayons un meilleur gouvernement», a-t-il lancé après avoir promis qu'aucune circonscription canadienne, même les plus conservatrices, ne serait laissée pour compte par les libéraux.

Il a fait valoir que le plan économique des conservateurs s'était soldé par un «échec», alors que la menace d'une récession plane sur le Canada, et a invité la population à adhérer au changement plutôt que d'opter pour la stabilité que préconisait encore lundi matin le premier ministre sortant.

«Stephen Harper n'avait pas de plan B pour faire face à la déroute des marchés financiers et à la chute des prix du pétrole. Et maintenant il demande aux Canadiens de garder le cap? (...) Quand le plan ne fonctionne pas, le véritable risque est le statu quo», a-t-il lancé.

Les hostilités reprendront avec davantage de joueurs sur la glace, mardi, puisque Thomas Mulcair et Gilles Duceppe reprendront du service.

Le premier fera une annonce à Montréal - où il doit répondre pour la première fois de la campagne aux questions des représentants des médias - tandis que le second parlera du tracé de l'oléoduc d'Énergie Est dans une conférence de presse à Vaudreuil-Dorion.

Pour sa part, Justin Trudeau sera du côté de Mississauga, dans la grande région de Toronto, en début de matinée. L'horaire du chef conservateur Stephen Harper n'avait pas été précisé lundi en fin de journée.