Campagne électorale ou non, le chef du Bloc Québécois Gilles Duceppe ne compte pas se faire imposer la cadence par le premier ministre sortant Stephen Harper.

 «Avant d'entrer dans le vif des débats électoraux, les candidats du Bloc et moi avons bien l'intention de continuer notre tournée du Québec», a déclaré M. Duceppe lors d'une allocution dans les instants qui ont suivi le déclenchement officiel de la campagne électorale. 

«On va aller à votre rencontre, à votre rythme, sans vous bousculer», a-t-il affirmé avant de poursuivre : «avant de multiplier les propositions et les engagements, on va vous écouter.»

M. Duceppe a rencontré les représentants des médias à la permanence du parti à Montréal. Il était entouré de six candidats, dont Mario Beaulieu qui a brièvement dirigé le Bloc avant de céder sa place à M. Duceppe en juin dernier. Le chef bloquiste a critiqué M. Harper pour ce déclenchement hâtif de la campagne électorale. «Nous savons que c'est pour se donner un avantage partisan à même les fonds publics. C'est indécent, c'est du cynisme», a-t-il dit. 

Au déclenchement des élections dimanche matin, le Bloc Québécois ne comptait que deux députés à la Chambre des communes. M. Duceppe n'a pas voulu s'avancer quant aux nombres de sièges qu'il espère emporter, se contentant de dire qu'il souhaitait obtenir le meilleur résultat possible. Le parti souhaite présenter autant de candidats que de circonscriptions au Québec, soit 78.

Pour le moment, 41 candidats ont été investis. M. Duceppe a par ailleurs confirmé qu'il se présentait dans son ancienne circonscription, celle de Laurier Sainte-Marie, à Montréal. «Ce serait une erreur de prendre les choses pour acquises, mais j'ai une assez bonne moyenne au bâton, je  l'ai remporté souvent», a-t-il répondu au sujet de ses chances de décrocher une victoire. M. Duceppe, qui a représenté cette circonscription de 1993 à 2011, avait été battu par la candidate néo-démocrate Hélène Laverdière. 





Questionné sur ce qu'il pouvait apporter de nouveau depuis sa défaite aux dernières élections de 2011, M. Duceppe a répondu que la mission du Bloc demeurait la même. « Faire du Québec un pays et défendre les intérêts du Québec», dit-il. Il se dit aussi convaincu qu'avec l'arrivée de Pierre-Karl Péladeau à la tête du Parti québécois sur la scène provinciale, un nouveau « cycle politique» s'ouvre. « L'idée de faire du Québec un pays indépendant reprend des forces», a-t-il affirmé. 

Au sujet de la débandade du Bloc en 2011, le chef a rappelé que d'autres partis on déjà connu leur lot d'adversité citant le passage à vide du parti conservateur, qui n'avait fait élire que deux candidats en 1993. « Ils n'ont pas abandonné, a-t-il souligné. Le NPD a été pendant cinquante ans sans député et il n'a pas abandonné. Pourquoi les Québécois devraient toujours abandonner devant les défis, pourquoi on devrait renoncer à nous-mêmes ?» 

M. Duceppe a martelé que le fait de voter pour le Bloc permettrait de barrer la route aux conservateurs. Il a toutefois précisé qu'il s'agissait surtout de bloquer le parti de M. Harper au Québec. «C'est dans le reste du Canada qu'ils n'ont pas battu les conservateurs... que le NDP et les libéraux fassent leur job [...] Que les autres leur barrent la route, dans le Canada, on verra bien, mais pourquoi devrions-nous renoncer à ce que nous sommes parce que les autres ne sont pas capables de faire le travail qu'ils devraient faire ?»