Guy Turcotte n'était pas de nature enthousiaste et il n'aimait pas les changements. Mais c'était un bon père. Malgré les querelles entourant leur séparation, Isabelle Gaston ne craignait pas pour la sécurité de ses enfants.

«Le 20 février 2009, je savais qu'il allait me faire quelque chose de grave. J'ai pensé : il va me loader ma carte de crédit, j'ai pensé au compte conjoint. Je n'ai pas pensé une seconde qu'il ferait du mal aux enfants», a fait valoir Isabelle Gaston, hier, alors qu'elle témoignait au procès de son ex-mari, accusé d'avoir tué avec préméditation leurs deux enfants.

Pendant une bonne partie de la journée, Mme Gaston a répondu aux questions de Me Guy Poupart, qui défend M. Turcotte. Quand l'exercice s'est terminé, elle a quitté le palais de justice. Elle n'est pas restée pour entendre les autres témoignages.

Ce qui se dégage de son témoignage, c'est que son couple battait de l'aile depuis déjà un certain temps. À un moment, elle s'est rendu compte que Guy Turcotte avait consulté de la pornographie sur le web, puisqu'une fenêtre de ce genre a surgi sur l'ordinateur. En 2008, les choses se sont bousculées. Ils s'étaient liés d'amitié avec un couple, Martin Huot et Patricia Giroux, entraîneurs dans un gymnase. À l'automne 2008, Mme Gaston et M. Huot ont entrepris une relation amoureuse, à l'insu de leurs conjoints respectifs.

Aujourd'hui, elle affirme en éprouver beaucoup de culpabilité. Elle évalue néanmoins que son couple avec Guy Turcotte était dans une «relation toxique». Certes, Guy Turcotte n'a jamais battu ses enfants et il n'a pas été violent physiquement avec elle. Mais Isabelle Gaston estime avoir subi de la «violence psychologique», en raison de propos dénigrants à son endroit. Il la faisait sentir comme une «pas bonne», selon elle.

«Il me disait: "T'es jamais contente... madame, je faisais ça pour elle..." Aujourd'hui, je considère ça comme de la violence psychologique. Je pensais que j'étais une pomme pourrie, la pas bonne mère. Moi, aujourd'hui, je sais que j'étais une excellente maman, peut-être pas la meilleure conjointe. Mais j'ai fait ce que j'ai pu. Je recommencerais n'importe quand avec mes enfants, je ne changerais rien», a-t-elle dit avec vigueur.

Des torts

Mme Gaston admet qu'elle pouvait «chialer» contre son mari, même si elle n'aime pas ce mot. Elle se reconnaît des torts, et en reconnaît à Guy Turcotte. Ils étaient très différents. Elle avait tendance à voir le verre à moitié plein, tandis que lui le voyait à moitié vide, a-t-elle illustré.