Une série de cours gratuits de yoga pour personnes handicapées a été annulée plus tôt cet automne à l'Université d'Ottawa de crainte que cette activité constitue de l'«appropriation culturelle» d'une pratique spirituelle de l'Inde.

Jen Scharf a expliqué au Ottawa Sun que ses leçons - qu'elle donne depuis 2008 - ont été retirées du programme par la Fédération étudiante de l'Université d'Ottawa (FÉUO) en septembre, après un débat au plus haut niveau de l'association.

«Les gens cherchent activement à être offensés par tout ce qu'ils peuvent trouver», a-t-elle déploré, en entrevue avec le quotidien de la capitale. «Ça fait en sorte que des gens sont punis parce qu'ils font des choses positives.»

De façon générale, les détracteurs de l'«appropriation culturelle» dénoncent l'emprunt par la société occidentale de pratiques culturelles et spirituelles issues de sociétés étrangères.

Selon des courriels cités par le journal, le Centre pour étudiant-e-s ayant un handicap de la FÉUO s'inquiétait des «implications culturelles» d'un cours de yoga, une discipline créée par des peuples «qui ont expérimenté l'oppression, les génocides culturels et les exactions à cause du colonialisme et de la domination de l'Occident.»

La FÉUO a indiqué qu'aucune plainte n'avait été enregistrée. «Nous voulons que ces séances se déroulent de façon à ce que les étudiants soient conscients des aspects culturels et spirituels [du yoga], afin que ce soit respectueux», a affirmé le président intérimaire de la FÉUO, Romeo Ahimakin.

Une soixantaine de personnes participait au cours de Mme Scharf.

Le concept d'«appropriation culturelle» avait été évoqué l'été dernier par le festival de musique Osheaga pour interdire aux participants le port de coiffes autochtones pendant les spectacles. Cet automne, pour la même raison, la chanteuse Natasha St-Pierre s'est fait reprocher un vidéoclip où des objets de spiritualité autochtone étaient omniprésents, sans que sa chanson porte sur ce thème.