Une étude de mégots avance que les cigarettes de contrebande sont de plus en plus présentes dans les écoles du Québec, tandis que les cigarettes mentholées ne seraient pratiquement pas consommées par les jeunes. Sitôt publiée, la recherche s'est attiré les critiques de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, qui dénonce des méthodes de recherche «douteuses».

C'est l'Association québécoise des dépanneurs en alimentation (AQDA) qui est à l'origine de cette étude. Elle a mandaté la firme montréalaise NIRIC, spécialisée dans les études de mégots, afin d'analyser 65 sites dans la province, dont 43 écoles secondaires.

Selon l'AQDA, la proportion des mégots de cigarettes de contrebande collectés à l'échelle du Québec est de 15,9 % en moyenne et de 16,8 % dans les écoles secondaires. L'association n'a toutefois pas fourni les données venant appuyer l'hypothèse d'une hausse, se contentant de publier les résultats obtenus dans la région de Montréal. L'association compte révéler l'ensemble des données tout au long de la semaine, a indiqué Guy Leroux, de l'AQDA.

Dans les 15 écoles sélectionnées situées dans la région de la métropole, le taux de contrebande est de 19,1%. On constate toutefois que plusieurs lieux sont situés près des réserves autochtones.

«On a choisi des écoles où on pensait qu'il y avait beaucoup de contrebande et on ne s'est pas trompé, affirme Guy Leroux. Les résultats sont même plus élevés qu'on pensait.»

Par exemple, le taux de contrebande à l'école Louis-Philippe-Paré, à Châteauguay, serait de 44,7%.

La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT) dénonce toutefois le manque de rigueur de cette analyse. «Les sites n'ont pas été choisis au hasard, les échantillons ne sont donc pas représentatifs de la population», s'insurge la porte-parole, la Dre Genevieve Bois, qui souligne que le taux de contrebande est à la baisse.

La porte-parole souligne également qu'il n'y a pas que les jeunes qui fument tout près des écoles. «Il peut aussi y avoir des employés, par exemple.»

Cigarettes mentholées

Pour la première fois, la firme NIRIC s'est intéressée aux mégots de cigarettes au menthol. Pour l'ensemble des écoles analysées dans la province, le taux de ces cigarettes représenterait 0,8% des mégots collectés. «C'est la preuve que les jeunes ne fument pas des menthols», dit M. Leroux.

Encore une fois, la Dre Bois rejette ces résultats. «Les enquêtes menées par des chercheurs indépendants montrent plutôt que le tiers des jeunes fumeurs consomment des cigarettes mentholées», martèle la Dre Bois.

L'AQPA publie ces résultats à quelques semaines du début des consultations publiques sur le projet de loi 44, qui prévoit notamment d'interdire toutes les saveurs de tabac, incluant le menthol.

L'association a également mis sur pied une campagne «sauvons le menthol», et M. Leroux confirme que l'industrie du tabac a été sollicitée pour du financement.

«Il faut prendre les données de l'AQPA avec un grain de sel, prévient la Dre Bois. Ce n'est pas un groupe désintéressé, leurs membres font des profits sur le dos du tabagisme.»