Après quatre ans de négociations et de préparation, une équipe d'experts s'apprête à sortir de l'eau le célèbre navire Maud qu'a conduit l'explorateur norvégien Roald Amundsen dans son second voyage en Arctique.

Quelque 85 ans après que le bateau se fut échoué dans des eaux peu profondes du Nunavut, Jan Wanggaard, le chef de l'équipage qui espère ramener aux Norvégiens le dernier navire du héros national, est plutôt confiant de la réussite des opérations.

Le Maud a été construit en 1917, à Vollen, pour l'explorateur Amundsen, le premier homme à atteindre le pôle Sud. Il a aussi mené des expéditions historiques dans l'Arctique canadien, dont la première traversée réussie du passage du Nord-Ouest.

M. Amundsen prévoyait figer le Maud spécialement renforcé dans la glace de la banquise pour dériver à travers le pôle Nord. Après deux tentatives ratées, le navire a été vendu à la Compagnie de la Baie d'Hudson, en 1925.

Trois ans plus tard, le bateau s'est retrouvé coincé au large de Cambridge Bay, avant de sombrer en 1930. Des parties de la coque émergent encore des vagues.

Depuis juin, Jan Wanggaard et son équipe ont fait passer des cordes et des courroies sous la coque de 40 mètres. Cette semaine, des ballons flottants seront attachés aux cordes dans le but de lever le bateau du fond océanique.

Le Maud tiendra bon, croit M. Wanggaard.

«Ce bateau était l'un des navires de bois les plus robustes jamais construits, a-t-il assuré. Il a été conçu pour résister à la pression de la glace.»

Une fois cette opération complétée, une barge ramenée de Norvège sera immergée puis placée sous la coque. Des réservoirs de flottation seront regonflés, et la barge soulèvera la coque hors de l'eau.

Le Maud passera probablement un hiver de plus à Cambridge Bay, le temps de sécher et d'être solidifié pour le long voyage qui l'attend.

D'un point de vue technique, c'est très simple. Mais la politique derrière les opérations a été tout autrement.

La Norvège s'est d'abord heurtée à l'opposition des gens de Cambridge Bay, qui voulaient que l'épave reste où elle est. Ensuite, le gouvernement canadien a refusé de donner au groupe le permis d'exportation, bien que le bateau lui appartienne. Ce permis lui a finalement été accordé par défaut, car aucune équipe canadienne n'a présenté de plan de sauvetage.

Mais malgré son départ, le Maud laisse au Canada un souvenir éternel: il a été le modèle sur lequel a été construite la célèbre goélette de la GRC St.Roch, qui a été la seconde embarcation à traverser le passage du Nord-Ouest et la première à faire le tour complet de l'Amérique du Nord.